Design

Pierre Paulin, une anthologie

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 12 décembre 2019 - 574 mots

Jousse Entreprise s’affirme comme le marchand attitré des créations aux lignes rondes, souples et colorées du designer français.

Paris. Après une première présentation de l’œuvre de Pierre Paulin (1927-2009) en 2010, suivie d’un second opus dévolu aux réalisations pour le palais de l’Élysée en 2016, Mathias Jousse poursuit l’aventure. « Je n’aurais pas pu faire cette exposition en une seule fois. Par manque d’espace et peut-être aussi par manque de pièces », explique le marchand.

À la galerie, père et fils ont chacun leurs domaines de prédilection : Philippe Jousse s’occcupe de Jean Royère, Jean Prouvé et Charlotte Perriand, quand Matthias, qui a fait ses armes aux Puces, s’attache davantage aux designers des années 1970. « À l’époque, le marché n’existait pas et j’ai pu acheter des pièces à des prix défiant toute concurrence, de Paulin, Roger Tallon, Maria Pergay, etc. Pour Paulin, j’ai eu la chance d’avoir les bonnes informations et les bonnes adresses au bon moment. J’ai une sorte de mainmise sur le marché, mais je peux me faire rattraper ! »

Une cinquantaine de pièces

Entré dans l’histoire depuis qu’il a été choisi en 1969 par le président Georges Pompidou pour décorer trois pièces dans l’aile privée de l’Élysée (la salle à manger, le fumoir et salon-bibliothèque), Pierre Paulin a débuté sa carrière dans les années 1950 en rejoignant le bureau d’études de Marcel Gascoin, après une formation à l’École Camondo. En 1953, il s’associe à la maison d’édition Thonet, puis en 1958 à Artifort pour qui il réalise de nombreux modèles de fauteuils, notamment en jersey. Il crée un style intemporel, résolument moderne, sans sacrifier l’équilibre et la pureté de la ligne, non plus que le confort. Arrondir les angles et assouplir les lignes, le tout dans un design coloré, tel est son mot d’ordre.

La présentation regroupe une cinquantaine de pièces, essentiellement des années 1970. Parmi celles-ci figurent la salle à manger Élysée, éditée en petite série (250 000 €) ; une chauffeuse de forme demi-lune, datée de 1971 et réalisée pour le fumoir du palais présidentiel, une production limitée d’Alpha international France (65 000 €) ; un canapé Amphis, 1970, en tôle d’acier, mousse et tissu, par le même éditeur (70 000 €) ; la Déclive, 1968, assise modulable dont il n’existe que deux exemplaires, le second étant conservé au Musée national d’art moderne (300 000 €) ; le fauteuil Spider ou Arachnéen, vers 1966, éditions Artifort ; ou le fauteuil Multimo, 1969-1970, toujours par Artifort. D’autres modèles iconiques du designer sont présentés comme la Ribbon chair et son ottoman, 1966, ou encore le canapé et les fauteuils Mushroom, 1962, version carrée. Plusieurs pièces ont déjà été vendues, tels le Dos à dos, 1968, une commande du Mobilier national ; la chauffeuse pour le fumoir ; le fauteuil Multimo etdes luminaires, tandis qu’une option a été posée pour la table Élysée.

La cote du designer ne fait que monter depuis vingt ans, portée par une clientèle mondiale composée d’Américains, de Japonais, de Mexicains, de Coréens et de quelques Français. Aux enchères, les prix restent plus ou moins abordables. Le record va à un salon Élysée composé d’un canapé et de deux fauteuils, adjugé 138 106 euros en mai 2013 chez Artcurial. Si peu de pièces sont sorties sur le marché depuis quatre ou cinq ans, « alors que Paulin a beaucoup produit et des pièces très différentes », relèveMatthias Jousse, c’est parce que ce dernier achète directement aux collectionneurs avant une mise aux enchères.

Pierre Paulin,
jusqu’au 21 décembre, galerie Jousse Entreprise, 18, rue de Seine, Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°535 du 13 décembre 2019, avec le titre suivant : Pierre Paulin, une anthologie

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