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ENTRETIEN

Manolo Valdés : « À Paris, j’ai découvert la liberté »

Artiste

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · Le Journal des Arts

Le 29 septembre 2022 - 468 mots

PARIS

Plus de vingt nouvelles peintures et sculptures de Manolo Valdés, réalisées en 2022, sont présentées à l’Opera Gallery.

Manolo Valdés dans son atelier de New York. © Cristian Diaz, 2022
Manolo Valdés dans son atelier de New York.
© Cristian Diaz, 2022

Installé à New York depuis plus de trente ans, l’artiste contemporain espagnol (né en 1942) expose à Paris à l’Opera Gallery. Il a utilisé la résine et le verre pour réaliser ses icônes et têtes de femmes inspirées des maîtres de l’histoire de l’art.

Que représente pour vous cette exposition à Paris ?

Elle est significative pour moi de ma relation à la ville. Paris m’a aidé dans ma formation en tant qu’artiste : j’y ai découvert des artistes que je n’imaginais pas exister. Une exposition de [Robert] Rauschenberg m’avait ainsi particulièrement marqué. À Paris, j’ai découvert la liberté. Pour mes nouvelles œuvres, j’ai utilisé de nouveaux matériaux comme la résine et le verre, mais je reproduis les mêmes sujets : la « reina Mariana », les têtes de femmes. J’exploite, de manière différente, les mêmes icônes au fil des ans, mais la reina Mariana que je représente aujourd’hui n’est plus celle d’il y a vingt ans.

Vous vous inspirez beaucoup de Velázquez. La culture espagnole tient-elle une place importante dans vos œuvres ?

Aujourd’hui l’art est international. La plupart des grands artistes espagnols intéressent seulement l’Espagne, à part Velázquez ou Picasso, qui vivait lui-même en France. Ce n’est pas important pour moi d’être espagnol. Ce qui compte pour moi en Espagne, c’est le Prado, car c’est là que j’ai vraiment découvert Velázquez.

Vos œuvres ont été exposées dans d’importants musées [Musée national d’art moderne à Paris, MoMA et Met à New York, Kunstmuseum de Berlin…]. Cette reconnaissance institutionnelle est-elle importante ?

Oui c’est important que mon travail soit présenté dans les musées pour l’enseignement, pour faire réfléchir. Ces dernières années, j’ai fait beaucoup de sculptures dans la rue, ce que j’ai beaucoup apprécié : j’ai découvert une manière différente d’exposer. Dans une galerie ou un musée, le public va volontairement voir l’œuvre. Dans la rue, c’est une rencontre imprévue.

Votre œuvre est cotée sur le marché de l’art (1), comment le vivez-vous ?

Je ne me sens pas si populaire. Lorsque je regarde ce qui a été fait dans l’histoire de l’art, des œuvres tellement importantes ont été réalisées. Lorsque je regarde la tour Eiffel, d’un point de vue technique, même avec mes sculptures les plus complexes, je me sens idiot. Nous sommes dans une période historique dans laquelle nous, artistes, recevons plus que ce que nous méritons. Nous avons plus de reconnaissance, on ne peut pas se plaindre.

De quelle œuvre êtes-vous le plus satisfait ?

L’œuvre que j’aime le plus est toujours celle que je vais faire demain. Il n’y a jamais d’œuvre qui ne soit assez satisfaisante par rapport à celle à venir. C’est l’illusion de la création.

(1) En galerie, les œuvres sont proposées à la vente entre 150 000 et 800 000 euros.

ENTRETIEN
jusqu’au 13 octobre, Opera Gallery, 62, rue du Faubourg-saint-Honoré, 75008 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°595 du 23 septembre 2022, avec le titre suivant : Manolo Valdés, artiste : « À Paris, j’ai découvert la liberté »

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