Espagne - Art contemporain

FOIRE D’ART CONTEMPORAIN

À Madrid, la foire Arco vogue entre parité et qualité

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · Le Journal des Arts

Le 13 mars 2024 - 635 mots

La foire d’art contemporain a accueilli un public fidèle, institutionnel et local, auquel étaient proposées des œuvres de qualité faisant la part belle aux artistes femmes.

Madrid. Avec une acquisition qui n’est pas passée inaperçue, par le Musée national centre d’art Reina-Sofía : une trentaine d’œuvres de 22 artistes dont 17 femmes venus d’Espagne et d’Amérique latine pour un total de 553 000 euros, les collectionneurs espagnols et les acheteurs institutionnels étaient bien au rendez-vous à Madrid. Offrant des prix allant de quelques centaines d’euros à 3,3 millions d’euros, Arco s’adressait à un large public et est restée très en deçà des moyennes de prix pratiquées dans les autres foires internationales, notamment à Tefaf (Maastricht). Pas de surprise, donc, à Arco qui a répondu aux attentes de ses marchands : « C’était une très belle édition, avec des œuvres de qualité, nous sommes très contents », indiquait le galeriste Jordi Mayoral (Barcelone, Paris). La foire a enregistré près de 100 000 visiteurs entre le 6 et le 10 mars.

Avec 43 % d’artistes femmes exposées sur les 207 galeries participantes, venues de 36 pays (contre à peine 19 % il y a cinq ans), Arco s’est réjouie d’avoir renforcé la parité chez les artistes : « C’est une fierté pour la foire », a déclaré sa directrice, Maribel López. Des noms historiques d’avant-garde comme María Blanchard étaient mis en avant, d’autres étaient plus actuels tels ceux d’Orlan, Ouka Leele, Colita et de la jeune Eva Fàbregas, qui exposait de nouveau cette année ses sculptures organiques en cire et boules de latex à la galerie Bombon Projects (Barcelone). Cette 43e édition d’Arco était aussi marquée par l’absence de sa fondatrice, Juana de Aizpuru, dont la galerie madrilène ferme en ce moment même ses portes.

Les galeristes savaient qu’ils rencontreraient un public local à Arco et ils ont misé sur les artistes espagnols en vogue. Juan Uslé et Miquel Barceló étaient partout, Luis Gordillo était à l’honneur sur plusieurs stands, comme chez Guillermo de Osma (Madrid), aux côtés d’un Picasso à 2,5 millions d’euros : les maîtres de l’avant-garde espagnole ne manquent jamais à l’Ifema. Ils étaient très présents cette année, en particulier Eduardo Chillida avec une sculpture lauréate de la Biennale de Venise de 1958 (1,2 M€) chez Cayón (Madrid), et Antoni Tàpies chez Mayoral (Barcelone, Paris), Lelong (Paris, New York), Senda (Barcelone) et Nogueras Blanchard (Barcelone). Joan Miró n’était pas non plus en reste, avec une peinture en masonite (3,3 M€) sur le stand de Leandro Navarro (Madrid).

Figures queers et autres surprises

Du côté des noms internationaux, l’Argentin Tomás Saraceno, dont une sculpture trône dans le hall du nouveau centre d’art Hortensia Herrero de Valence et qui a reçu le prix de la Fondazione per l’Arte Moderna e Contemporanea CRT, était présent sur les stands des galeries PinkSummer (Gênes) et Neugerriemschneider (Berlin). Chez ces derniers, son travail côtoyait une pièce d’Ai Weiwei en provenance directe de l’atelier de l’artiste tandis qu’une installation d’Olafur Eliasson surplombait le hall, une exposition partagée avec la galerie madrilène Elvira Gonzalez. « C’est une tradition entre nos deux galeries de montrer une grande œuvre d’un artiste représenté conjointement. Cela renforce l’amitié qui nous lie », glisse-t-on du côté de la galerie allemande. Votre avenir imaginaire d’Eliasson (2022) permettait de voir son reflet à l’envers pour 400 000 euros.

Le galeriste madrilène José de la Mano a su créer la surprise sur son stand consacré aux figures queers de la Movida, avec le retour de Manuel, l’œuvre phare de Rodrigo Muñoz déjà exposée à Arco en 1983 qui avait suscité la polémique et qui revient quarante ans plus tard, au prix de 80 000 euros, attirant de nombreux curieux. À la galerie Helga de Alvear (Madrid), l’installation Short Story d’Elmgreen & Dragset surprenait aussi le visiteur, avec la silhouette d’un enfant gisant sur un terrain de tennis verdoyant.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°629 du 15 mars 2024, avec le titre suivant : À Madrid, la foire Arco vogue entre parité et qualité

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