À partir du 3 juin, l’artiste expose chez Praz-Delavallade de puissantes œuvres inspirées de la Bataille de San Romano d’Uccello.
« La question était de savoir comment dessiner une fleur. Puis est venue la question de la taille. Je voulais voir la fleur pousser, grandir, éclore, alors j’ai changé de format et changé de support », écrit Pauline Bazignan dans ses Carnets. Ces fleurs ont poussé, puis ont essaimé pour former un champ entier de fleurs. Celles-ci ont grandi tant et tant qu’elles ont fini par devenir feu d’artifice et se confondre avec les étoiles. Peut-on, au XXIe siècle, encore peindre des fleurs ? L’artiste s’est posé mille fois la question et se la pose toujours. Il suffit de regarder un seul de ses tableaux pour se convaincre que oui.
Tout commence par une tache de couleur sur une feuille de papier posée au sol ; chargée d’eau, la tache s’échappe en coulure et devient ligne – la tige. Puis c’est au tour des pinceaux d’entrer dans la danse, de tournoyer pour dessiner des cercles plus ou moins parfaits – les pétales. Une fois la fleur terminée, un déluge d’eau efface le motif, et c’est alors qu’on commence à voir, à percevoir qu’il ne s’agit ni de fleur ni d’étoile, mais d’une explosion – l’artiste parle d’« éclosion » – de peinture.
De fait, l’œuvre de Pauline Bazignan porte la même énergie que celle de Pollock, nous rappelant que, chez l’une comme chez l’autre, chaque tableau est le fruit d’une bataille. Parmi tous les tableaux exposés en 2019 au fort Saint-André, à Villeneuve-lez-Avignon, l’un d’eux portait plus que les autres la trace de ce combat : une grande toile représentant toujours cette « éclosion » de peinture mais, cette fois, sur un fond noir. Cette pluie de météorites dans un ciel étoilé était une interprétation au format (180 x 320 cm) de la Bataille de San Romano de Paolo Uccello du Louvre. Cette toile a donné lieu à un tournant dans l’œuvre de Pauline Bazignan, et à la série d’œuvres réalisées depuis et inspirées, cette fois, des trois panneaux de la Bataille d’Uccello conservés au Louvre, à Florence et à Londres. Ni copies ni répliques, mais des œuvres autonomes, puissamment originales.
« Pauline Bazignan. Bataille/Battaglia »
Galerie Praz-Delavallade, 5, rue des Haudriettes, Paris-3e, www.praz-delavallade.com
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Les batailles de Pauline Bazignan
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°744 du 1 juin 2021, avec le titre suivant : Les batailles de Pauline Bazignan