Galerie

ART CONTEMPORAIN

Le ciel de Youcef Korichi

Par Amélie Adamo · Le Journal des Arts

Le 10 avril 2024 - 517 mots

L’artiste révèle deux séries de peintures récentes à la galerie Suzanne Tarasiève, en référence à Goya pour l’une, à « La Danse macabre » de Holbein pour l’autre.

Paris. Les nouvelles peintures de Youcef Korichi (né en 1974) dialoguent avec deux références majeures : El Pelele (« le pantin »), peint par Francisco de Goya, et la série de gravures « La Danse macabre » de Hans Holbein. Pour Alice Vaganay, codirectrice de la galerie Suzanne Tarasiève, ces nouveaux tableaux contiennent tout ce qui fait la « force plastique et conceptuelle » du travail de Youcef Korichi. Une évidence d’abord, le « sujet » de l’artiste, « c’est la peinture. Toute sa réflexion tourne autour de cette question majeure : qu’est-ce que faire image, faire peinture ? ». Il y a chez Korichi une capacité à réinterpréter librement des motifs issus de documents photographiques (Internet, magazines) que l’artiste extrait du flux ininterrompu de l’actualité pour leur redonner chair et épaisseur en peinture, que ce soit par des jeux singuliers de cadrage ou par une maîtrise virtuose des écritures qu’il adapte en fonction de ses sujets. Selon Alice Vaganay, la « rapidité et l’expressionnisme de la gestuelle » de l’artiste pour cette série, « Holbein 1,2, 3, 4, 5 », variations d’après « La Danse macabre », lui permettent de capter le « mouvement et l’énergie présents dans les images grotesques d’Holbein, avec quelque chose de drôlement féroce ». Tandis que pour la série d’après Goya intitulée « Le bleu du ciel », le « style est plus réaliste, dépeignant un corps sans tête dont le costume et les chaussures lévitent dans le ciel bleu, ce qui fige la figure dans une passivité non agissante, l’artiste suggérant ainsi la question de la mort et de la place sociale de l’homme ». De l’une à l’autre série, on retrouve un même fond politique prégnant, un regard sur l’être au monde dans la société actuelle. Même s’il y a toujours, précise la galeriste, « une ambivalence de l’œuvre qui n’est jamais figée dans un sens ».

 

 

Présent dans des collections privées

« Malgré la forte dimension intellectuelle et conceptuelle de la peinture de Youcef Korichi, ce qui est censée être un critère de qualité pour les institutions, son œuvre manque d’une réelle reconnaissance institutionnelle », observe Alice Vaganay. Bien sûr l’œuvre est présente dans plusieurs collections privées, comme la Fondation Francès, la Fondation Claudine et Jean-Marc Salomon ou l’abbaye d’Auberive (collection Volot). Mais hormis au Fonds national d’art contemporain (Cnap), l’œuvre est peu présente dans les collections publiques. De même, aucune grande exposition personnelle n’a été consacrée par un musée à ce peintre qui, depuis plus de vingt ans, participe à renouveler le visage de la peinture figurative en France. Toutefois, la peinture de Korichi a toujours été soutenue, par certains critiques et collectionneurs. « Excellent artiste, Youcef Korichi suscite toujours une vraie attente de la part du public et des collectionneurs. » Des collectionneurs « fidèles », soutenant l’artiste depuis ses débuts, mais aussi des « primo-acheteurs qui ont un coup de cœur à la découverte de l’œuvre », majoritairement des Français ou des Européens, précise la galeriste.

Pour ces nouvelles peintures, les prix affichés vont de 4 500 euros à 24 000 euros pour les plus grands formats.

 

 

Youcef Korichi, le bleu du ciel,
jusqu’au 27 avril, galerie Suzanne Tarasiève, 7, rue Pastourelle, 75003 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°631 du 12 avril 2024, avec le titre suivant : Le ciel de Youcef Korichi

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