Disparition

La mort de François Tajan sidère le monde des enchères

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 12 mars 2020 - 558 mots

L’un des plus brillants commissaires-priseurs de sa génération, respecté de tous, est décédé brutalement le 26 février à l’âge de 57 ans.

Paris. Son décès a suscité une vive émotion dans le monde des enchères. Le commissaire-priseur François Tajan, président délégué d’Artcurial et fils de l’emblématique Jacques Tajan, a succombé mercredi 26 février à une intoxication alimentaire due à l’ingestion de morilles fraîches achetées sur un marché.

« La foule immense présente à son inhumation nous a confortés dans l’affection qu’on avait pour lui et ce qu’il représentait pour le marché de l’art, confie Hervé Poulain, président d’honneur du Groupe Artcurial, très affecté. Il avait les vertus d’un chef d’entreprise, c’est-à-dire la transmission du savoir et l’exemplarité. Cet homme était simple, discret, jovial, toujours souriant et prévenant. La maison est sens dessus dessous, je dois l’avouer. Mais nous pouvons témoigner qu’il s’y est épanoui complètement et a trouvé le bon challenge avec nous. Maintenant, il faut se relever. On continue. »

Né le 27 juin 1962 à Évreux (Eure), François Tajan s’inscrit en droit, mais finit par abandonner en quatrième année, attiré par le monde du cinéma. Il commence sa carrière en tant que régisseur – il sera notamment stagiaire régie pour le film Hôtel de France (1987) de Patrice Chéreau. Quatre ans plus tard, à l’âge de 28 ans, il quitte ce milieu pour rejoindre, en 1990, l’étude dirigée par son père, Jacques Tajan. Titulaire d’une licence de droit et d’un deug en histoire de l’art, il décroche son diplôme de commissaire-priseur en 1997. Il fait ses armes dans l’étude paternelle, dirigeant successivement les départements Art nouveau et Art déco – une des spécialités phares de la maison –, puis art moderne et contemporain. Il devient commissaire-priseur associé en 1998, puis président du directoire à partir de 2001.

De l’étude familiale à Artcurial

Entre-temps, en 2000, l’étude Tajan, à l’époque première maison de ventes française, est achetée par Bernard Arnault (groupe LVMH) qui en conserve le nom. En 2004, il la revend à Rodica Seward, une femme d’affaires américaine d’origine roumaine. Quelques mois plus tard, en 2005, François Tajan quitte Tajan SA, abandonnant son nom, et rejoint, en tant que coprésident, la maison de ventes Artcurial Briest-Poulain-Le Fur, créée deux ans plus tôt et dénommée aujourd’hui Artcurial. À partir de 2015, il y occupe le poste de président délégué.

Durant ces quinze années, il participe de manière significative à la consolidation et à l’expansion de la maison. Arrivé avec ses équipes, il introduit certaines spécialités, devenues phares, comme les ventes de luxe à Monaco, ou celles de bande dessinée – dont la plus grande vacation consacrée à Hergé en juin 2014 (5,3 M€). Il tient aussi le marteau lors de la vente des collections Xavier Guerrand-Hermès et Félix Marcilhac en 2014, ou Paul Lombard en 2017. Les dispersions successives du Crillon et du Plaza Athénée (2013), de l’Hôtel de Paris (2015) ou encore du Ritz (2018) lui valent le surnom d’« homme des palaces ».

François Tajan participe également au développement international de l’opérateur, à travers l’ouverture de plusieurs bureaux de représentation à Bruxelles, Milan, Monaco, Munich et récemment à Marrakech, pour y promouvoir l’art orientaliste et l’art contemporain marocain.

La salle de restaurant située au rez-de-chaussée du siège va bientôt disparaître au profit d’une deuxième petite salle des ventes. « Elle se dénommera “salle François-Tajan”, en son hommage », révèle Hervé Poulain.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°541 du 13 mars 2020, avec le titre suivant : La mort de François Tajan sidère le monde des enchères

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