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ART CONTEMPORAIN

Georges Rousse, entre photographie et peinture

Par Amélie Adamo · Le Journal des Arts

Le 2 janvier 2024 - 618 mots

PARIS

La Galerie Catherine Putman expose une sélection de photographies et d’aquarelles récentes, mais aussi une installation réalisée « in situ » à cette occasion.

Paris. Depuis les années 1980, Georges Rousse s’est fait connaître pour son travail de photographie réalisé d’après des installations in situ. Un travail hybride qui se situe au carrefour du « land art » et de la peinture abstraite. À l’origine toujours, une réflexion sur l’éphémère : il s’agit d’intervenir dans des lieux abandonnés et voués à disparaître. Cette intervention dans l’espace réel met en jeu la question de la peinture à travers un principe d’anamorphose dont le point de vue est révélé par la photographie. Une photographie que l’artiste aime soigner, dans le travail sur la lumière naturelle et un temps de pose long. Si, au début des années 1980, Georges Rousse commence par peindre des figures dans l’espace, très vite il délaisse le figuratif pour s’intéresser aux formes géométriques. Peinture, craie, collage, bois, feuille d’or : l’artiste varie les techniques pour réaliser ses installations in situ. Leur gestation s’élabore progressivement, à l’aide d’un travail de croquis et d’aquarelles préparatoires. Il interroge ainsi une autre perception de l’espace grâce à la couleur, à la lumière et aux jeux de transparence, dans la lignée des maîtres de la peinture abstraite, de Malevitch à Barnett Newman ou Mark Rothko. Il crée un langage « universel », fondé sur l’usage de couleurs primaires et de formes géométriques, qui parle à tous. Ce qui explique sans doute la reconnaissance de l’artiste en France et à l’international, Georges Rousse ayant été invité à exposer et à intervenir aux quatre coins du monde, de la Corée au Japon, des États-Unis à l’Amérique du Sud.

Des aquarelles « très appréciées »

Parmi les œuvres exposées à la galerie Catherine Putman, les grandes photographies de 146 x 115 cm, tirées à dix exemplaires, sont vendues 18 500 euros pièce. Un prix qui a doublé en dix ans. Pour les aquarelles, les prix s’échelonnent entre 2 200 et 7 000 euros (pour les plus grands formats). Ce travail d’aquarelle a été mis en vente pour la première fois à la galerie Putman en 2007, à la suite d’une exposition de l’artiste au Musée Réattu, à Arles, où il montrait les différentes phases de son travail. Depuis, Georges Rousse n’a cessé de développer ce travail d’aquarelle dont les formats se sont agrandis. Comme le remarque la directrice de la galerie, Éléonore Chatin, « les aquarelles sont très appréciées ; par le prix et le format elles attirent des collectionneurs plus jeunes qui ne peuvent s’acheter de grandes photographies, et elles permettent de voir autrement Georges Rousse que l’on ne connaît souvent que par la photo et l’in situ ». Ce travail d’aquarelle révèle la part importante de l’intervention manuelle dans le processus, venant démentir ceux qui croient souvent que l’anamorphose photographiée n’est qu’un bidouillage fait par ordinateur. Qu’ils soient intéressés par les aquarelles ou les photographies, les collectionneurs sont nombreux et divers. Des collectionneurs privés mais aussi bien sûr les institutions et tous les commanditaires de projets qui achètent une photo de l’intervention in situ : promoteurs immobiliers, restaurateurs, architectes. Parmi les acquéreurs récents : le Musée de Grenoble et le Hangar, un centre d’art photo installé à Bruxelles.

Très rares sont ceux qui revendent les œuvres de Rousse. Comme le note la galeriste Claire Gastaud, qui soutient l’artiste depuis le début des années 2000 : il n’y a pas de second marché pour cette œuvre, les rares photos qui circulent sont d’un format petit et souvent en mauvais état, sans grande valeur commerciale. Il y a une « rareté » des œuvres de Georges Rousse sur le marché, si bien que certaines de ses plus belles photographies, en tirage unique ou limité à quelques exemplaires, sont devenues « mythiques » et sont très recherchées.

Georges Rousse, couleurs,
jusqu’au 22 décembre puis du 9 au 20 janvier 2024, Galerie Catherine Putman, 40, rue Quincampoix, 75004 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°623 du 15 décembre 2023, avec le titre suivant : Georges Rousse, entre photographie et peinture

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