Foire & Salon

Frieze, le Brexit épargne les grandes galeries 

Par Alexia Lanta Maestrati · lejournaldesarts.fr

Le 4 octobre 2019 - 556 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Mais le climat économique et politique de la Grande-Bretagne pèse davantage sur les petites et moyennes enseignes.

Entrée de la Frieze London, le 2 octobre 2019 © Photo Alexia Lanta Maestrati pour Le Journal des Arts
Entrée de la Frieze London, le 2 octobre 2019.
© Photo Alexia Lanta Maestrati pour Le Journal des Arts

La Frieze London a ouvert ses portes mercredi 2 octobre, alors que le premier Ministre britannique, Boris Johnson, faisait une ultime proposition à Bruxelles. Pourtant, la menace d’une sortie du Royaume-Uni sans accord n’a pas perturbé le vernissage de cette 17e édition de la manifestation, où les allées étaient remplies de monde. 

« Nous avions des doutes avec le Brexit. Mais les collectionneurs sont réellement acheteurs, pas plus mais pas moins que les autres années » souligne Esther Quiroga, directrice de la Galerie Gió Marconi (Milan). Ainsi plusieurs enseignes ont enregistré des ventes importantes pour des montants parfois vertigineux. La galerie Timothy Taylor (Londres, New York) organise depuis plusieurs années des solo shows. Cette année les toiles colorées du plasticien new-yorkais Jonathan Lasker ont connu un succès important puisque 6 d’entre elles (de 65 000 à 200 000 euros) étaient déjà parties à l’ouverture. 

Ces premières heures étaient également fructueuses pour la galerie Thaddaeus Ropac (Londres, Paris, Salzbourg), qui s’est rapidement séparée d’une vingtaine de belles pièces, dont certaines ont dépassé le million d’euros, à l’instar d’une toile de Baselitz de 2019 vendue 1,2M€. Quelques stands plus loin, la Galerie David Zwirner (New York, Londres, Paris, Hong Kong) pouvait elle aussi se targuer de ventes solides, notamment de la toile grand format de Kerry James Marshall, cédée pour 3,4 millions d’euros ou celle d’Oscar Murillo, un des nommés pour le Turner Prize 2019, pour 365 000 euros.  

L’ensemble de la foire était hautement qualitatif. De nombreux exposants plébiscitent cette « montée en gamme », comme le souligne George Vamvakidis directeur de la The Breeder (Athènes). Si à ses débuts Frieze était réputée pour son côté très contemporain avec une prédominance d’oeuvres fraîchement sorties des ateliers, de plus en plus d’enseignes proposent maintenant des oeuvres datées d’avant les années 2000. Des valeurs sûres parsèment la foire. Pour ne citer que quelques exemples, la Michael Werner Gallery (Londres, New York, Trebbin) montre un ensemble d’œuvres de A. R. Penck des années 1980, période charnière de la carrière de l’artiste allemand. On y voit aussi des oeuvres de Takis (The Breeder, Athènes), décédé l'été dernier, notamment une toile datée de 1997, Magnetic Wall, autour du thème de l'énergie invisible si chère au sculpteur. Le programme de performance n’échappait pas à ce retour en arrière, puisque chaque jour, à 16h le visiteur peut découvrir le ballet Bauhaustänze de l’artiste du Bauhaus Oskar Schlemmer (1888-1943) réalisé pour la première fois en 1923. 

En revanche l’aile gauche de la foire, où sont rassemblées les galeries de tailles moyennes, semble pâtir du climat politique et économique au Royaume-Uni. La galerie The Sunday Painter (Londres) est venue avec une installation de céramiques grands formats de Nicholas Pope, datées de 1995, espérant faire redécouvrir l’œuvre de ce plasticien britannique qui représenta son pays à la Biennale de Venise en 1982. Mais, « le Brexit, le cours de la livre, et le climat très incertain pèsent sur les ventes. Les acheteurs prennent moins de risques qu’auparavant » déplore Will Jarvis, son directeur. L’enseigne parisienne, High Art fait le même constat. Même acclamée par la critique, l’installation questionnant l'immigration et le métissage en Martinique de Julien Creuzet, lauréat du Camden Arts Centre Emerging Artist Prize, peine à trouver preneur. 
 

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