Focus : Auguste Rodin - « Faunesse à genoux  »

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 23 mai 2011 - 543 mots

VENTE DU 9 JUIN A PARIS, SVV CORNETTE DE SAINT-CYR

Présentée le 9 juin à Drouot par la maison Cornette de Saint Cyr, Faunesse à genoux est un bel exemple de l’art de la sculpture en marbre d’Auguste Rodin, reflétant sa fascination pour le corps humain. De dos, l’œuvre paraît être une attirante nymphe à la peau lisse et veloutée. Le marbre, au réel pouvoir de captation de la lumière, en accentue toute la sensualité. De face, elle se présente sous les traits d’une effrayante faunesse, version féminine du faune. On voit là toute l’ambiguïté du sentiment de Rodin à l’égard des femmes.

Cette sculpture a été conçue en 1887, à l’origine pour La Porte de l’Enfer, porte monumentale inspirée de la Divine Comédie de Dante. Rodin travailla jusqu’à la fin de sa vie à cette commande passée par la direction des Beaux-Arts en 1880 et finalement annulée en 1904. 
Source inépuisable de recherches et d’expérimentations pour le sculpteur, La Porte de l’Enfer est composée de 227 figures. Certaines ont eu leur propre destinée individuelle, tels Le Penseur, Adam et Ève, ou encore Le Baiser, pour les plus célèbres.  La Faunesse à genoux apparaît dans la partie droite du tympan de la Porte de l’Enfer. « Cette figure connut un réel succès sous plusieurs variantes : la faunesse à la tête droite (la nôtre) et au visage presque animalier ; la faunesse tête adoucie penchée sur l’épaule droite, l’appui rocheux montant entre les jambes, dite Le Réveil (la première et plus ancienne probablement), et une troisième version aux cheveux plus long, La Toilette de Vénus », rappelle Constance Lemasson, qui dirige le département d’art impressionniste et moderne chez Cornette de Saint Cyr. La Faunesse à genoux fut fondue en bronze dès 1888. Il existerait au moins huit versions en marbre (incluant celle-ci), pour moitié d’entre elles conservées dans des institutions internationales. Un marbre de La Toilette de Vénus a été adjugé 1,3 million de livres sterling (1,9 million d’euros) le 7 février 2006, à Londres chez Sotheby’s. Dédicacée à Pierre Puvis de Chavannes, cette Faunesse à genoux fut donnée par Rodin à son ami peintre en août 1890, d’après des éléments de correspondance conservés au Musée Rodin. « Il existe une épreuve en plâtre de la Faunesse à genoux dédicacée elle aussi à Puvis de Chavannes, mais au traitement moins abouti et donc très différente du marbre ; elle se trouve aujourd’hui dans les collections de la Fondation Peter Stuyvesant », relève Constance Lemasson. Inédit sur le marché, ce marbre réapparaît dans les années 1920 dans la collection d’Edmond Lanhoffer, riche industriel et fin amateur d’œuvres d’art. Il a été précieusement gardé dans la famille depuis. Auréolé d’une belle dédicace, il est raisonnablement estimé 600 000 à 800 000 euros.  

Auguste Rodin

Titre : « Faunesse à genoux »

Date de conception : 1887

Date de réalisation : vers 1890 p Matériau : marbre

Dimensions : 28 cm (L.), 24 cm (l.), 55 cm (H.)

Particularité : signé et dédicacé « Au Maître Puvis de Chavannes » sur la base

Provenance : don du sculpteur au peintre Pierre Puvis de Chavannes en 1890, collection française depuis les années 1920

Spécialiste de la vente : Constance Lemasson

Estimation : 600 000 à 800 000 euros

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°348 du 27 mai 2011, avec le titre suivant : Focus : Auguste Rodin - « Faunesse à genoux  »

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