Ventes aux enchères

Drouot - Floraison de tableaux modernes

Les commissaires-priseurs espèrent la reprise

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 juin 1995 - 998 mots

Un vent de reprise a soufflé dans les salles des ventes de New York en mai, bien qu’il ait cruellement contourné Au lit : le baiser de Toulouse-Lautrec, consigné par Me Maurice Rheims, mais resté invendu. Parviendra-t-il jusqu’à Drouot ? Les salles parisiennes verront en tout cas, en juin, une véritable floraison de ce que le marché a de plus fragile, les ventes de tableaux modernes et contemporains.

PARIS -  À l’Hôtel George V, le 13 juin, Me Tajan mettra en vente une partie de la succession du grand collectionneur René de Montaigu, une trentaine de tableaux par tous les grands noms de la peinture contemporaine française, estimés entre 6 et 8 millions de francs (lire JdA, n° 14, mai). Une centaine d’autres œuvres compléteront la vacation.

Le 21, au même endroit, Me Tajan dispersera une fort belle collection de quarante tableaux modernes qui devrait assurer les enchères les plus importantes du mois. Une très rare huile cubiste de Braque, de 1909, L’Église de Carrières Saint Denis, encore très marquée par l’influence de Cézanne, est estimée 4 millions de francs, et Barques à Chatou, une vigoureuse toile fauve de Derain, 5 millions de francs. Cette dernière date de 1904, année où l’artiste, alors âgé de 24 ans, reprenait une activité interrompue par quatre années de service militaire et travaillait avec Matisse.

Quatre toiles de Nicolas de Staël, Anvers – un tableau fauve d’Othon Friez –, et Claude Renoir dessinant – un joli portrait par Renoir de son petit-fils, de 1905, estimé 5 millions de francs –, figurent également dans la vacation. Une dizaine d’œuvres de la succession de Claude Renoir seront incluses par ailleurs dans une vente de tableaux modernes organisée par Me Cornette de Saint Cyr, le 1er juin.

Des Degas édités par Hebrard
Le 2 juin, Me Calmels vendra des dessins, pastels et huiles sur toile d’une douzaine d’artistes, dont Jongkind, Boudin, Puvis de Chavannes et Max Jacob, et des maîtres de la peinture moderne et contemporaine – par exemple La vague, de Braque, estimée entre 500 000 et 600 000 francs, et Paysage vert (1944) de Dubuffet, estimé entre 1,5 et 2 millions de francs.

Le 12 juin, Me Kohn proposera à Drouot Montaigne deux bronzes de Degas édités par Hebrard, Cheval en marche estimé entre 300 000 et 400 000 francs et Cheval au galop et son jockey, estimé, prudemment, entre 600 000 et 800 000 francs : un bronze du même modèle de la collection Nepveu-Degas a été adjugé 1,4 million de francs par Me Tajan en décembre. Autres pièces majeures chez Me Kohn, La traite (1924) de Kisling, et Le caprice, de Magritte, estimés chacun 1 million de francs.

Me Briest, le 20 juin, dispersera cinq bronzes de Camille Claudel, La Valse, Le Dieu envolé, La jeune fille à la gerbe, La vieille Hélène et La joueuse de flûte. Cette dernière, fondue par Eugène Blot, est estimée entre 1 et 1,5 million de francs. Le catalogue comprend douze dessins, cinq sculptures et huit bijoux d’Alberto Giacometti d’une collection privée, dont un plâtre, Buste de Diego vers 1962, estimé entre 400 000 et 600 000 francs, et une sculpture en bronze en forme de broche, créée pour Elsa Schia­parelli et estimée entre 80 000 et 100 000 francs.

Le 22 juin, à l’Hôtel George V, Mes De Quay et Lombrail, procéderont à une vente pluridisciplinaire qui comprendra aussi bien de l’Art déco (notamment du mobilier et un panneau en laque de Jean Dunand) que des tableaux modernes. La pièce vedette sera une toile d’Alberto Savinio, le frère cadet de Giorgio De Chirico. Musicien de formation, Savinio était surtout écrivain, poète et théoricien de "l’art métaphysique". Il s’est lancé dans la peinture à partir de 1926 lorsqu’il s’est installé à Paris. La marche nuptiale (1931), qui représente un couple à têtes de coq et de poule en habits du XVIIe siècle, est estimée entre 1,8 et 2 millions de francs.

Le marchand André Gombert vend chez Me Tajan
Ce sont près de soixante-dix lots de tableaux et sculptures modernes et contemporains que Me Loudmer proposera le 19 juin. Parmi les pièces maîtresses, citons La Muse endormie II de 1920 – un bronze de Brancusi estimé entre 1,2 et 1,5 million de francs –, Figure moyenne II de 1947 – un bronze d’Alberto Giacometti, estimé entre 2 et 3 millions de francs –, et La Sortie du bain – un pastel de Degas, vers 1901 –, estimé entre 800 000 et 1 million de francs.

Le 23 juin, Me Picard mettra en vente plus de soixante lots de tableaux et sculptures modernes, dont Jeune femme nue allongée, vers 1907, de Van Dongen, estimée entre 700 000 et 900 000 francs, Rue de Banlieue, vers 1918, d’Utrillo, estimée entre 350 000 et 450 000 francs, et Portrait de Mija, 1926, de Kisling, estimé entre 350 000 et 450 000 francs.

Le marché du tableau ancien devrait, en principe, se révéler plus résistant que celui du tableau moderne.

Le marchand André Gombert nous indique que c’est pour contribuer à la rénovation de son nouveau quartier général – un hôtel particulier au 10, rue Grange Batelière –, qu’il a confié une trentaine de tableaux de son stock à Me Tajan, qui les mettra aux enchères le 12 juin à l’Hôtel George V.

Les soixante-dix autres toiles de la vacation, par Baron Gerard, Boullogne, Desportes, Oudry, Teniers, Turpin de Crisse et Winterhalter, entre autres, ont été consignées par deux collectionneurs européens, anciens clients du même marchand. Une vue de Venise par Giovanni Battista Cimaroli est estimée entre 700 000 et 900 000 francs, une autre de Vérone, du même artiste, plus inattendue, entre 800 000 et 1 million de francs.

Très classique, Bouquet de fleurs dans un vase en verre et fruits dans une niche de Johannes Bosschaert, est estimé entre 1,5 et 2 millions de francs. Plus étonnant, Nature morte au bouquet de fruits, de Balthasar Van Der Ast, est estimée entre 2,5 et 3 millions de francs.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°15 du 1 juin 1995, avec le titre suivant : Drouot - Floraison de tableaux modernes

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