L’exercice de l’État

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 31 octobre 2011 - 348 mots

Derrière l’action de l’État il y a des hommes et des femmes avec leurs ambitions, leurs faiblesses, leurs contraintes. L’Exercice de l’État, un film de Pierre Schoeller, sorti en salle le 26 octobre, rend compte avec une grande fidélité du fonctionnement du cœur d’un ministère : le cabinet. Il a en particulier le mérite de ne pas sombrer dans le discours habituel du « tous pourris » et de bien décrire la surcharge de travail, la tension permanente, l’impératif médiatique qui pèsent sur les politiques. Le clivage entre conseillers très attachés au service public, voire à « leur » ministre, et ceux qui rejoignent le secteur privé est l’un des ressorts du scénario.

À quelques mois d’un changement d’équipe, l’heure est à la reconversion pour les conseillers du ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, qui s’éparpillent progressivement à l’extérieur. Les procédures de recrutement font souvent l’impasse sur des commissions ad hoc. Rien de choquant à cela. Comme nous l’avions écrit ici même à propos de la nomination de Catherine Pégard à la tête du château de Versailles, il ne sert à rien d’organiser d’hypocrites commissions. Il revient à la tutelle publique d’exercer son droit de nomination. Encore faut-il que cela se fasse dans la transparence et sur les seules capacités professionnelles des candidats. Cela a-t-il été le cas pour la nomination de Nicolas Bourriaud à la direction de l’ENSBA (lire ci-dessous) qui a eu tout loisir, comme tous les conseillers du ministre, de se faire apprécier des recruteurs qui sont aussi ses patrons à l’Inspection de la création artistique ? Le C.V. du cofondateur du Palais de Tokyo plaide pour lui, même si d’autres candidats avaient aussi le profil. Le ministre a fait fi des critiques qui se sont élevées au sein même de l’école concernant la candidature de Nicolas Bourriaud, témoignant d’une témérité grandissante au fur et à mesure que la fin de son mandat approche. Il y a fort à parier que, dans un autre registre, le nombre de promus dans la prochaine fournée de l’ordre des Arts et des Lettres dépassent les trois cents habituels.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°356 du 4 novembre 2011, avec le titre suivant : L’exercice de l’État

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