Indiens d’Amérique

Un hommage attendu

Le Journal des Arts

Le 5 novembre 2004 - 643 mots

Washington DC a inauguré un musée consacré à l’art et à la culture des populations indiennes d’Amérique.

WASHINGTON, DC - Le National Museum of the American Indian (NMAI, Musée national des Indiens d’Amérique), placé sous l’égide de la Smithsonian Institution, a ouvert ses portes le 21 septembre à quelques centaines de mètres du Capitole, à Washington. Il a été bâti sur le dernier terrain vacant sur l’artère du National Mall, entre le National Air and Space Museum et le Jardin botanique fédéral. La façade de calcaire qui s’incurve sur ses cinq étages est censée ressembler à une falaise érodée et, comme le jardin paysager qui l’entoure, évoquer les liens spirituels des Indiens d’Amérique avec la nature.
Plus de quatre millions d’Américains se disent d’ascendance indienne, et leurs moyens financiers sont en augmentation, principalement grâce aux revenus des jeux perçus par les tribus. Parmi les cinquante principaux donateurs du projet muséal, représentant 219 millions de dollars (plus de 171 millions d’euros), dix-huit sont des tribus. Trois d’entre elles, les Mashantucket Pequot, les Mohegan du Connecticut, et les Oneida de l’État de New York, qui gèrent des casinos, ont versé chacune 10 millions de dollars.
Les Indiens ont été impliqués dans tous les aspects de la conception et de la construction du nouveau musée, depuis l’architecture confiée à Douglas Cardinal (Blackfoot) jusqu’à la présentation des 7 000 objets exposés. Environ un tiers du personnel est d’origine indienne, notamment le directeur et fondateur W. Richard West (Cheyenne du Sud), cinq des huit conservateurs, et la moitié du comité de direction. La Smithsonian Institution prévoit que son seizième musée devrait attirer quatre millions de visiteurs l’année de son inauguration, à peu près la même affluence que la National Gallery située à l’autre bout du Mall.
La Smithsonian détient 800 000 objets d’origine indienne, acquis pour la plupart en 1989 lorsqu’elle a repris la collection réunie par l’héritier de la Standard Oil Georg Gustav Heye (1874-1957), dont la fondation et le musée concurrents, établis dans la partie haute de Manhattan en 1922, ont subi le même déclin que ce quartier.

150 langues indiennes
En 1987, le sénateur des îles Hawaï Daniel Inouye suggéra son rattachement à la Smithsonian. Mais comme Georg Gustav Heye avait exigé dans les statuts de sa fondation une présence à New York, on ouvrit en 1994 le musée de la Smithsonian dans les anciens bâtiments rénovés des douanes, au sud de Manhattan, et on envoya la majeure partie de la collection dans un laboratoire d’étude situé dans le Maryland. Parallèlement était lancé le vaste chantier du musée de Washington.
Les visiteurs de la nouvelle institution traversent d’abord une installation sonore qui les accueille avec des salutations traduites en plus de cent cinquante langues indiennes, puis ils atteignent l’atrium du Potomac, haut de 35 mètres. Ouvrant sur la boutique, le café et le théâtre, celui-ci mène aussi au quatrième étage où un film de treize minutes initie le public aux trois expositions permanentes thématiques, « Nos univers », exploration des cosmologies indiennes, « Nos peuples », évocation de l’histoire des tribus, et « Nos vies », incursion dans la vie et l’identité des Indiens d’aujourd’hui.
Les vitrines présentent plus de 3 500 objets regroupés par genre, comme les travaux de perles, pointes de flèches, paniers, poupées… Une galerie d’exposition temporaire consacrée aux artistes contemporains montre, pour son inauguration et jusqu’en octobre 2005, deux cents œuvres des artistes indiens Allan Houser (1914-1994, Apache Chiricahua) et George Morrison (1919-2000, tribu Chippewa de Grand Portage, Minnesota).
« Le public sortira de sa visite du musée en sachant que les Indiens n’appartiennent pas définitivement à l’Histoire, déclare le directeur. Nous sommes toujours là, apportant des contributions essentielles à la culture et à l’art américains d’aujourd’hui. »

National Museum of the American Indian (NMAI)

4th Street & Independance Avenue, S. W. Washington, DC, tél. 1 202 633 1000, www.nmai.si.edu, tlj 10h-17h30

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°202 du 5 novembre 2004, avec le titre suivant : Un hommage attendu

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