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Récolement en progrès

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 18 juillet 2007 - 473 mots

La CRDOA, présidée par Jean-Pierre Bady, a remis le 18 juin son 9e rapport d’étape.

PARIS - Si la ministre de la Culture, Christine Albanel, n’a pas souhaité que le rapport de la Commission de récolement des dépôts d’œuvres d’art (CRDOA) soit rendu public, cette entreprise colossale visant à localiser toutes les œuvres appartenant à l’État mises en dépôt depuis 1875 continue pourtant à porter ses fruits. Créée en 1996 et présidée depuis 2000 par Jean-Pierre Bady, conseiller maître à la Cour des comptes, la CRDOA pilote le récolement mené chez les déposants (musées, Mobilier national, Fonds national d’art contemporain, Centre des monuments nationaux…) et les dépositaires (autres musées, ministères, préfectures, ambassades…). Ce travail devrait toucher à sa fin en 2008 avec la région Île-de-France – son décret de création prévoyait un mandat de trois ans ! Un rapport de synthèse global sera publié l’an prochain. Le 15 mai, la mission de la CRDOA a toutefois été pérennisée par décret, sans limitation de durée.
Comme les années précédentes, le rapport comprend deux parties. La première s’attache à présenter les chiffres de l’avancement du récolement, par déposants et dépositaires. Sur 180 000 œuvres, 130 000 ont pour l’heure été vues. La Manufacture de Sèvres, qui en détient 250 000 à elle seule, fait l’objet d’un travail à part. 15 % des pièces manqueraient à l’appel, soit 17 000. Ce taux était estimé à 20 % en 2004. Les causes des pertes sont triples : mouvements non suivis, destructions pour faits de guerre, vols. Si certains cas avaient alerté l’opinion – on se souvient de cette peinture du Dominiquin appartenant au Musée du Louvre retrouvée chez un particulier de la région de Toul (Meurthe-et-Moselle) (lire le JdA no 208, 4 février 2005, p. 5) –, seules cinq cents plaintes ont été déposées. Cette pratique, jadis
inhabituelle car il était d’usage de ne pas ébruiter les vols, s’est généralisé à l’initiative de la CRDOA. Elle porte sur des œuvres majeures seulement. Les musées ne sont toutefois pas les plus visés par cette procédure, les principales disparitions concernant des ensembles archéologiques et ethnologiques. Le taux de perte est particulièrement élevé au sein de l’administration des Affaires étrangères, notamment dans ses représentations à l’étranger.
La seconde partie du document rend compte des efforts accomplis : rappel à l’ordre des diplomates, mise en place d’un réseau de correspondants dans les ministères chargés de surveiller les mouvements des œuvres… Jean-Pierre Bady peut aussi se féliciter d’avoir convaincu l’ancien Premier ministre, Dominique de Villepin, d’imposer à son gouvernement de dresser un inventaire avant départ contresigné par les nouveaux arrivants. Par ailleurs, la CRDOA n’hésite pas à jouer un rôle de gendarme pour se faire entendre. Elle incite notamment à généraliser la procédure de l’émission des titres de perception. Celle-ci permet au déposant, en cas de disparition avérée, d’exiger du dépositaire (État ou collectivité) le remboursement de l’œuvre à sa valeur actuelle. « Et cette mesure fait peur », confirme-t-on à la commission.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°263 du 6 juillet 2007, avec le titre suivant : En progrès

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