Un quart d’heure pour Giotto

Le Journal des Arts

Le 10 avril 1998 - 379 mots

Comme pour La Cène de Léonard à Milan, l’entrée dans la chapelle Scrovegni de Giotto, à Padoue, a été sévèrement réglementée et un sas installé afin de prévenir les effets de la pollution sur les fresques. Bien entendu, ces aménagements ne manquent pas de susciter les polémiques.

PADOUE (de notre correspondante) - La cité padouane s’enorgueillit à juste titre de posséder l’un des chefs-d’œuvre de la peinture occidentale : le cycle de fresques réalisé par Giotto pour la chapelle Scrovegni (1303-1305). Sur les parois de l’édifice, le peintre florentin a représenté des Scènes de la vie de la Vierge et du Christ, les Allégories des vices et des vertus, et le Jugement der­nier. Hélas, nombreux sont les problèmes de conservation causés notamment par la pollution, et des écailles de peintures menacent de se détacher. Après des années d’études attentives et de surveillance assistée par ordinateur, l’Institut central de restauration de Rome est arrivé à la conclusion que la pollution atmosphérique, qui pénètre dans le bâtiment par la porte d’entrée, est la principale (mais non la seule) cause de dégradation des fresques. Désormais, les visiteurs accèdent donc à la chapelle par une porte latérale, après être passés par un sas conçu comme une chambre de décantation. De plus, ne seront dorénavant admises que vingt-cinq personnes à la fois et pour un quart d’heure maximum.

Le sas fonctionne déjà, mais les polémiques ne s’apaisent pas pour autant. La contestation porte autant sur son utilité – ses dimensions sont réduites – que sur les conséquences que sa structure rigide pourrait avoir sur la chapelle en cas de séisme. Certains jugent également inacceptable l’effet architectural de ce “nouvel avant-corps”, faisant référence par ce terme à l’horrible avant-corps de l’église des Eremitani. Quoi qu’il en soit, même après l’installation du sas, la surveillance se poursuit afin de vérifier l’efficacité des mesures prises. Fin février, la municipalité de Padoue a organisé un débat public pour faire le point de la situation. Les critiques les plus virulents sont certainement James Beck, l’éternel “censeur” de toute restauration – à commencer par celle de la Sixtine –, et Ferdinando De Simone. Ils désignent l’humidité et non la pollution comme facteur principal de dégradation des fresques. En effet, d’après leurs études, la célèbre chapelle flotterait sur une bulle d’eau.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°58 du 10 avril 1998, avec le titre suivant : Un quart d’heure pour Giotto

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