Art contemporain

Genève (Suisse)

Trop humain, l’expo d’art qui parle de l’homme

Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, jusqu’au 4 janvier 2015

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 13 octobre 2014 - 340 mots

Peut-on faire une exposition d’art sans parler d’art ? « Trop humain », qui inaugure en partenariat avec le Mamco le nouvel espace d’expositions temporaires du Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève, s’y essaye en tout cas.

Avec plus ou moins de succès. Car, si l’exposition parvient à quelque chose, c’est à couvrir son sujet : « Trop humain. Artistes des XXe et XXIe siècles devant la souffrance » témoigne des maux que s’infligent les hommes depuis plus d’un siècle : guerres, camps de concentration, génocides, misères. Les Thanatophanies d’On Kawara, portfolio de trente dessins réalisés en 1955-1956, disent beaucoup des désastres d’Hiroshima et de Nagasaki : des têtes isolées – donc coupées – à la mine de plomb portant les stigmates des radiations et des brûlures de la bombe atomique. La « Madone d’Alger » du photographe Hocine Zaourar, traduite en sculpture par Pascal Convert, rappelle l’horreur de la guerre civile algérienne – le massacre de Bentalha fit quatre cents victimes en 1997. Idem pour les compositions à l’huile de Nikolai Getman, qui ne cachent rien de la violence du goulag russe. Pourtant, « Trop humain » échoue bel et bien à ne pas parler d’art, la responsabilité en revient à la qualité des œuvres présentées.

La première salle vaut à elle seule de s’exonérer du ticket d’entrée : La Tête de Montserrat criant (1942) de Julio González fait face à la celle de Pierre (1998) de Louise Bourgeois ; Nous ne sommes pas les derniers (1971), cauchemar des camps d’extermination nazis de Zoran Music, tient sans mal à côté de la peinture coup de poing d’Hubertus Giebe : La Résistance, pour Peter Weiss (III), l’une des découvertes de cette exposition. Quant au Gisant, bronze d’une incroyable force de Jean Roulland, il ne fait que préparer le visiteur à la vue des Fusillés (1954) de Bernard Buffet, gigantesque toile peinte par l’artiste au sommet de sa carrière, qui écrase sans mal  la mise en scène des frères Chapman à qui l’on aurait préféré ici l’original à la copie : Goya !

« Trop humain. Artistes des XXe et XXIe siècles devant la souffrance »


Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, 17, avenue de la Paix, Genève (Suisse), www.redcrossmuseum.ch

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°673 du 1 novembre 2014, avec le titre suivant : Trop humain, l’expo d’art qui parle de l’homme

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