Toutes les fragrances d’Orient

Des dispositifs olfactifs émaillent les salles d’exposition, et le public peut ainsi humer l’odeur de l’encens et de l’ambre gris et faire tournoyer des pétales de rose ou de jasmin. Objets archéologiques et artisanaux donnent le contexte de production des parfums, notamment dans la salle consacrée aux matières premières : une tablette cunéiforme sumérienne et des manuscrits médiévaux montrent la « pérennité des pratiques » d’extraction et de distillation des parfums au Moyen-Orient, selon la co-commissaire Agnès Carayon. Cependant, l’importance des parfums dans la littérature arabe et persane, notamment dans la poésie classique, n’est pas évoquée dans le parcours. Parmi les œuvres d’art remarquables, une installation de Hicham Berrada avec des plants de jasmin dans des vitrines éclairées de lumière noire : les odeurs deviennent ici végétales. Plus entêtants, les mélanges composés par le nez Christopher Sheldrake sur un manège à parfums stylisé où se déploient des fragrances étranges. L’exposition n’oublie ni les flacons de verre traditionnels, ni les brûle-parfums du Golfe, ni les rites religieux liés à l’encens : deux bénitiers en résine de Mehdi-Georges Lahlou embaumant la cannelle encadrent une Dormition de la Vierge (Macédoine, XVIe siècle). En revanche, l’univers du hammam et de l’érotisme est traité bien vite, malgré l’œuvre intéressante de Reem al Nasser en boutons de jasmin : au-delà des manuscrits des Mille et Une Nuits, il manque une perspective littéraire qui aurait donné sa structure au parcours.