Espagne - Art contemporain

Susana Solano sort de l’oubli

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · Le Journal des Arts

Le 27 mars 2024 - 404 mots

BARCELONE / ESPAGNE

L’artiste catalane a connu une éclipse dans les années 2000.

Susana Solano, Circulo casus belli III, 1997 © Borja Ballbe © Adagp Paris 2024
Susana Solano, Circulo casus belli III, 1997.
© Borja Ballbe
© Adagp Paris 2024

Barcelone. Représentante de l’Espagne à la 43e Biennale de Venise, en 1988, Susana Solano (née en 1946 à Barcelone) est une artiste catalane ayant bénéficié d’une renommée internationale dans les années 1980 et 1990, avec des participations remarquées à la Documenta de Cassel, en 1987 et 1992, et, outre Venise, à la Biennale de São Paulo en 1987, avant d’être progressivement oubliée. La Fondation Vila Casas remet son travail à l’honneur à l’Espais Volart, et lui offre sa première rétrospective barcelonaise depuis son exposition au Macba (Musée d’art contemporain de Barcelone) en 1999. L’exposition réunit quatre décennies de création et comprend des œuvres inédites.

« Dimension métaphorique »

Face aux grandes sculptures de Susana Solano réparties dans l’espace dans une ambiance solennelle, et à leur matérialité métallique dénuée de couleurs, le silence s’impose. Solano utilise les techniques relevant de la forge artisanale catalane, qui confère à ses œuvres une monumentalité. Formellement liée aux post-minimalistes par son utilisation de matériaux industriels, sa pratique s’en détache par une réflexion sur la mémoire et sur la relation de l’être humain à son environnement à laquelle est invité le spectateur. Le Pont (1986), sculpture de fer et de plomb conservée au Macba, « explique bien l’ambiguïté du travail de Solano, qui utilise des matériaux très durs et froids pour créer une œuvre à la poétique délicate », indique Enrique Juncosa, commissaire de l’exposition.

Susana Solano, Maca ell-maco ella,1989. © Borja Ballbe © Adagp Paris 2024
Susana Solano, Maca ell-maco ella, 1989.
© Borja Ballbe
© Adagp Paris 2024

Les visiteurs (re)découvrent aujourd’hui la stricte simplicité géométrique de ses sculptures, à l’apparence solide et massive, en fer, acier ou autres métaux mais aussi en bois, qui inscrit son œuvre dans la tradition de la sculpture espagnole, dans les traces de Julio González, Jorge Oteiza et Eduardo Chillida. Ses vides aussi sont symboliques, délimités par des formes architecturales évoquant des réceptacles, des cavités, qui explorent les limites entre le visible et le caché. « La dimension métaphorique est très présente dans ses sculptures de contenants, avec leur espace intérieur inaccessible, notamment dans la série des stations thermales, lieu où l’on se rend pour se soigner, qui évoque la douleur et la solitude », précise Enrique Juncosa.

L’exposition présente aussi son œuvre photographique commencée dans les années 1990, avec, en particulier, au sous-sol, l’installation Le Papier de Salim (2000). Une photographie très colorée d’une fabrique de papier, présentée en association avec deux tapis, suggère un intérieur domestique chaleureux, introduit la figure humaine dans son travail et évoque son goût pour le voyage.

Susana Solano, Anonyme,
jusqu’au 14 juillet, Fundació Vila Casas, Espais Volart, C/ d’Ausiàs, 22, L’Eixample, Barcelone.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°629 du 15 mars 2024, avec le titre suivant : Susana Solano sort de l’oubli

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