Photographie

Quand Marc Riboud parcourait l’Asie

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 13 février 2021 - 403 mots

PARIS

Le Musée national des arts asiatiques expose de manière trop peu contextualisée la donation reçue du photographe voyageur.

Paris. La photographie n’a jamais été aussi présente dans la programmation du Musée Guimet que depuis la nomination de Sophie Makariou à la présidence de l’établissement, en 2013. Cette dernière n’a jamais caché son goût pour la photographie qu’elle collectionne elle-même. La donation du fonds Marc Riboud (1923-2016) au Musée national des arts asiatiques, il y a quatre ans, a ouvert un autre chapitre dans l’histoire de ses collections. Ce fonds photo n’est pas exclusivement consacré à l’Asie. La direction générale des Patrimoines s’interrogea d’ailleurs à l’époque sur la légitimité du Musée Guimet à recevoir un tel legs. Sans l’intervention de Marc Schwartz, alors directeur du cabinet de Françoise Nyssen, le legs aurait été compromis. Le photographe et son épouse, Catherine Riboud, auraient alors dû se mettre en quête d’un autre lieu pour accueillir plus de soixante années de création et d’archives, qu’un temps la municipalité de Lyon, ville natale de Marc Riboud, envisagea d’accueillir.

Un parcours lacunaire

La rétrospective programmée par le Musée Guimet s’inscrit dans le prolongement de ce legs, effectif après la disparition du photographe en 2016. Des premières images de Lyon en 1940 aux dernières réalisées en Chine, le parcours, chronologique, met l’accent sur ce grand voyageur que fut toute sa vie Marc Riboud. Y manquent toutefois les débuts consacrés à ses premiers voyages, ou à son séjour en Alaska. La sélection d’images aurait aussi gagné à être resserrée et, pour certaines d’entre elles, à bénéficier d’une contextualisation plus précise. Nulle information n’est non plus donnée sur son admission très jeune chez Magnum, ainsi que sur sa décision de retirer ses archives de l’agence dans les années 2000. Et la partie réservée aux amis de Riboud, certainement l’une des moins connues, reste bien trop courte.

Certes l’approche chronologique permet de revenir sur des voyages moins connus que ceux entrepris en Asie, à l’exemple de ceux menés dans l’ex-Yougoslavie, la Turquie ou encore en Algérie et en Afrique au moment de l’indépendance des pays concernés. Le regard de Marc Riboud sur la Chine populaire, la guerre du Vietnam [voir ill.], la contestation aux États-Unis, ou encore sur Fidel Castro, est aussi fort justement développé par une juxtaposation entre icônes et photographies méconnues. Il n’en demeure pas moins que la première partie de l’exposition, trop diluée, donne à cette rétrospective un côté bancal.

Marc Riboud. Histoires possibles,
initialement jusqu’au 3 mai, Musée national des arts asiatiques-Guimet, 6, place d’Iéna, 75116 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°560 du 5 février 2021, avec le titre suivant : Quand Marc Riboud parcourait l’Asie

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