Nathalie Talec, artiste exploratrice

Née en 1960, Nathalie Talec, qui vient d’intégrer la galerie Lily Robert à Paris, déploie au Frac Franche-Comté un ensemble d’une cinquantaine de pièces aux médiums variés (dessin, peinture, photographie, sculpture, vidéo, installation, performance) où se retrouve, autour des mêmes obsessions (le froid, le blanc immaculé, la perception), la figure fictionnelle de l’artiste performeuse se rêvant en Reine des neiges dont chaque œuvre est un témoignage de ses expéditions dans le Grand Nord, vécues – elle s’est aventurée en 1988 au Groenland – ou imaginaires. Allant de 1968 (un film super 8 réalisé par son père montre l’artiste enfant jouant à se laisser tomber dans la neige) à 2016, avec des peintures-collages fusionnant scènes de montagne et objets décoratifs kitsch, la plasticienne fait feu de tout bois, le bricolé côtoie le très abouti, afin de nous embarquer dans un univers onirique alternant matérialité (éprouver le réel via la résistance du corps) et concept (nombre de projets très documentés sont en fait à lire tels des protocoles d’actions jamais réalisées). Cette traversée dans une œuvre hybride commencée il y a plus de trente ans offre au visiteur la possibilité de croiser avec plaisir art et aventure ; dans le parcours, de multiples renvois à des figures iconiques d’excursions lointaines (le radeau de La Méduse, Jules Verne, Paul-Émile Victor…) donnent l’occasion de se nourrir, à foison, d’histoires fascinantes de navires disparus et de naufrages.