Costume

À Moulins, un baroque bien tempéré

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 26 avril 2016 - 700 mots

Le Centre national des costumes de scène expose les spectaculaires costumes de l’ensemble musical des Arts Florissants dans une scénographie redondante, en décalage avec le propos.

MOULINS - Nul ne niera que les commissaires ont effectué au Centre national des costumes de scène et de la scénographie (CNCS) de Moulins un splendide rassemblement de pièces pour cette exposition consacrée aux Arts Florissants. Les atours de l’ensemble vocal et instrumental fondé en 1979 par le chef d’orchestre franco-américain William Christie – acteur majeur de la redécouverte du répertoire baroque – apparaissent ici dans toute leur richesse et leur diversité. Des costumes très « grand siècle » d’Atys (Lully) venant de l’Opéra national de Paris, aux vêtements orientalisants du Retour d’Ulysse dans sa patrie (Monteverdi) prêtés par la Ville d’Aix-en-Provence. Mais les habitués de l’institution moulinoise pourront être déçus tant la scénographie de cette manifestation, censée marquer en grande pompe l’anniversaire des dix ans du CNCS, peut sembler rébarbative en comparaison de ce qui a pu être réalisé pour des expositions précédentes.

Des vitrines bien sages
Point de contact entre l’univers des musées et celui de la scène, le CNCS – qui organise deux expositions temporaires par an à partir de ses propres fonds ou de prêts extérieurs – joue sur les rapports entre costumes de spectacle et  décor. On s’attendait donc à plus de folie pour « Barockissimo », dont le titre évoque dans un superlatif un mouvement artistique chatoyant. Sur place, on découvre des vitrines habillées d’un blanc quasiment invariable, qui crée le décalage avec les mises en scène très diverses des productions des Arts Florissants, visibles via des écrans placés sur les murs. « Nous voulions parasiter le moins possible la lecture du costume », explique le scénographe Simon de Tovar,  tout en précisant que l’exposition a du être réalisée dans des délais plus courts que de coutume (1).

Loin d’être totalement épurée, la scénographie du reste des salles n’est pas exempte de petits détails aux tonalités baroques (miroirs dorés, moquette aux motifs chargés, reproduction de gravures à motif théâtral sur les murs...), mais leur répétition, tout au long du parcours, finit par lasser. La dernière salle, qui fait traditionnellement figure de bouquet final dans les expositions du CNCS crée heureusement la rupture. Cet espace réunit les exubérants costumes d’indiens, d’incas, d’ottomans… et quelques éléments de décors réalisés pour la célèbre production de 1999 des Indes galantes (Rameau) dans une mise en scène qui, malgré la simplicité de ses dispositifs d’exposition, a le mérite d’apporter de la couleur à un parcours qui a réservé trop peu de surprise au visiteur. 

Note

(1) La mise en place de cette exposition a été avancée, pour remplacer une manifestation consacrée aux vêtements de scène des chanteurs à succès qui, elle, a été repoussée à l’automne 2016.

Barockissimo

Commissariat : Martine Kahane, conservateur général honoraire, présidente des Arts Florissants ; Catherine Massip, musicologue, conservateur générale honoraire, présidente d’honneur des Arts Florissants
Scénographe : Alain Batifoulier et Simon de Tovar
Nombre de costumes : 150

Un parcours « mal fagoté »

Contraint dans ses espaces, le CNCS organise régulièrement des expositions au cheminement compliqué : c’est particulièrement le cas ici. Suivre un parcours sans à-coup dans « Barockissimo » s’avère complexe. Pour visiter les salles dans l’ordre indiqué par le dossier de presse comme le plus cohérent, il faudrait emprunter tour à tour deux chemins différents. La visite idéale est censée commencer au rez-de-chaussée, par un espace introductif livrant entre autres des informations sur le sujet de l’exposition. Il s’agit ensuite de traverser l’espace permanent consacré à Rudolf Noureev – à l’opposé – pour rejoindre un petit escalier au bout duquel se trouve la suite du parcours. Logiquement, le visiteur sera plutôt tenté, une fois l’espace d’introduction découvert, de monter par le grand escalier qui la jouxte, où l’attend d’ailleurs un grand panneau marquant l’entrée de « Barockissimo ». On se trouve pourtant – à en croire le dossier de presse – a mi-chemin de l’exposition, à quelques encablures de la salle du bouquet final, censée clôturer le spectacle en apothéose. Si l’accrochage, chrono-thématique, supporte les écarts de parcours, la visite peut s’avérer peu confortable pour qui aura à chercher son chemin. M. B.

Barockissimo. Les Arts Florissants en scène

Jusqu’au 18 septembre, Centre national du costume de scène et de la scénographie, quartier Villars, route de Montilly, 03000 Moulins, www.cncs.fr, tous les jours 10h-18h (18h30 en été), entrée 6 €. Catalogue Linérat éditions, 221 p., 33 €.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°456 du 29 avril 2016, avec le titre suivant : À Moulins, un baroque bien tempéré

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