Belgique - Art moderne

Coup de cœur

Miró… bolant !

Beaux-Arts Mons (Belgique) – Jusqu’au 8 janvier 2023

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 22 novembre 2022 - 312 mots

Art Moderne -  Avec une centaine de pièces originales présentées (peintures, gouaches, dessins, céramiques, sculptures, objets personnels, etc.), le Beaux-Arts Mons (BAM) propose la première monographie belge de l’inclassable Joan Miró (1893-1983), orchestrée par l’historienne Victoria Noel-Johnson.

Difficile, lorsque l’on offre une exposition d’envergure à un artiste fort reconnu et aimé du grand public, de trouver un angle original sans dérouler le parcours chrono-thématique habituel célébrant comme il se doit les œuvres iconiques. C’est ce que parvient pourtant à faire le musée avec Joan Miró, qui s’intéresse à « l’essence des choses passées et présentes ». Quitte à décevoir, l’exposition ne s’attarde aucunement sur la série la plus connue des Constellations (1940-1942). Les neuf sections du parcours, qui vont du fauvisme catalan au primitivisme pur, via le goût de l’artiste pour l’ailleurs (les formes préhistoriques, les arts premiers, la calligraphie japonaise, etc.), en passant par son fameux Assassinat de la peinture, démontrent, d’une part, que Miró ne peut être réduit à l’image du doux poète rêveur au style enfantin. Celui-ci vaut bien davantage : un plasticien à la liberté de facture manifeste, notamment dans le choix de ses supports (toiles brûlées, papier journal, panneaux d’Isorel, peaux d’animaux, etc.). Il y a du kamikaze en lui, dans son agressivité plastique – ses techniques brutales – afin d’aller au-delà de la peinture pour retrouver l’énergie créatrice première. D’autre part, grâce à des dispositifs immersifs et interactifs qui, pour une fois, n’ont rien de gadget, le visiteur s’aperçoit que sous les tableaux du « naïf » Miró se cache une sophistication intellectuelle qui lui a permis de bâtir un langage universel, dont moult détails formels proviennent, entre autres, des maîtres anciens, tels Bosch et Raphaël. Ainsi, en mêlant passé et présent – l’artiste a aussi regardé Pollock –, nous redécouvrons en Joan Miró un artiste totalement libre, échappant largement à l’étiquette surréaliste qui lui colle encore trop à la peau.

« Joan Miró. L’essence des choses passées et présentes »,
BAM – Beaux-Arts Mons, rue Neuve 8, Mons (Belgique), www.bam.mons.be

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°760 du 1 décembre 2022, avec le titre suivant : Miró… bolant !

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