Mellery resté sur le palier

L'ŒIL

Le 1 juin 2000 - 255 mots

L’exposition « Paris-Bruxelles » en 1997 nous avait révélé le nom d’un artiste belge inconnu en France, Xavier Mellery, à travers un groupe de dessins admirables représentant des escaliers. Dans la filiation des anciens peintres d’intérieurs hollandais mais au seuil du symbolisme et déjà proches du réalisme angoissé d’un Léon Spilliaert, résonnant d’un silence discrètement métaphysique, ses œuvres trahissaient une vision originale de la réalité et semblaient contenir une essence rare. Aussi, grande fut notre attente à l’ouverture de la rétrospective Xavier Mellery. Trop grande, hélas, et proportionnelle à la déception. Car ces escaliers mystérieux constituent le mince sommet de l’œuvre, ils ne mènent pas plus haut mais conduisent d’emblée à un morne rez-de-chaussée. Passablement doué, Prix de Rome en 1870, Mellery est le parfait représentant de cet académisme idéaliste fondé sur « le respect de la tradition, la restauration de l’autorité, l’établissement d’un nouvel ordre basé sur le passé, le retour à l’unité perdue » (Michel Draguet). Il met sa plus haute ambition dans le décor allégorique, genre dans lequel il fait preuve d’un conformisme absolu. Reste ce qui est qualifié dans le catalogue d’« œuvre intime », ses dessins de l’intérieur de sa maison, vestibule, escaliers où l’artiste entend capter « l’âme des choses ». Une âme honnête, placidement assise sur l’ordre établi, et qui s’offre un petit peu de mystère, comme un doigt de porto. Mais de là à un sentiment métaphysique, ou simplement poétique de la réalité, il y a quelques étages à gravir.

AMSTERDAM, Van Gogh Museum, jusqu’au 2 juillet.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°517 du 1 juin 2000, avec le titre suivant : Mellery resté sur le palier

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