Art moderne

XXE SIÈCLE

Mâcon redécouvre Antoine Villard

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 17 janvier 2019 - 438 mots

MÂCON

Le Musée des Ursulines ressort un peintre oublié. Attentif à l’art de ses contemporains, cet artiste montre une certaine indétermination dans son projet.

Mâcon. Né à Mâcon (Saône-et-Loire), le peintre Antoine Villard (1867-1934) fut l’un de ces artistes parisiens exposant dans différents Salons et cités dans les revues spécialisées. Il s’impliqua en 1922 dans l’organisation du Salon des échanges où les artistes troquaient des œuvres contre des produits de première nécessité. Ami de nombreux peintres, collectionneur, il recevait dans son atelier journalistes et amateurs d’art venus admirer ses trésors : des Douanier Rousseau (dont Éclaireur attaqué par un tigre et La Carriole du père Junier), L’Huilier de Picasso, un Vannier de Van Gogh, un Grand Nu de Modigliani…

Avant sa mort, le conservateur du Musée de Cambrai, Ernest Gaillard, qui cherchait à constituer une collection d’art contemporain, était en pourparlers avec Villard en vue de la donation de l’une de ses œuvres. Il obtint de sa veuve vingt-deux huiles et constitua une salle entièrement consacrée au peintre, dont il promit qu’elle ne serait jamais démantelée. Après la Seconde Guerre mondiale, le musée oublia cet engagement et ce n’est qu’en 2018 qu’une toile de Villard retrouva ses cimaises.

C’est dire l’intérêt de la rétrospective que lui consacrent le Musée des Ursulines à Mâcon associé au Musée des beaux-arts de Cambrai (Nord) qui la recevra cet été. On y découvre à la fois un peintre de talent totalement oublié et, à la lecture du catalogue, l’importance de l’homme dans le milieu artistique de l’époque. En l’absence d’une biographie et d’un catalogue raisonné, l’exposition défriche le terrain en montrant notamment de nombreuses œuvres appartenant encore à la famille et constitue un appel du pied aux jeunes historiens de l’art en quête d’un sujet de recherche.

À Mâcon, la scénographie a d’ailleurs été confiée à des élèves de l’École supérieure d’architecture d’intérieur de Lyon. Celles-ci se sont inspirées du thème des fenêtres, cher à Villard. L’artiste les a souvent représentées car il s’y installait pour peindre, que ce soit dans son atelier parisien ou dans celui qu’il aménagea dans sa résidence du Mâconnais. La plupart des œuvres ne sont pas datées, ce qui a influé les commissaires, Michèle Moyne-Charlet, directrice des musées de Mâcon, et Alice Cornier, directrice du Musée de Cambrai, dans leur choix d’une approche thématique. Chez cet artiste plus proche de l’école de Paris que des avant-gardes, on est frappé par les continuels changements de style, comme si, trop intéressé par les recherches de ses camarades, ce surdoué s’était essayé à tout sans trouver vraiment son propre univers. Il est resté celui qui observait le monde de sa fenêtre.

Antoine Villard (1867-1934), un indépendant au service de l’art,
jusqu’au 21 avril, Musée des Ursulines, 5, rue de la Préfecture, 71000 Mâcon

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°515 du 18 janvier 2019, avec le titre suivant : Mâcon redécouvre Antoine Villard

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