Italie - Art ancien

Les gloires du Musée archéologique de Naples

Herculanum et Pompéi au Petit Palais

Par Bérénice Geoffroy-Schneiter · Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1995 - 688 mots

Après le succès rencontré par l’exposition "Carthage, sa trace et son écho", le Petit Palais se tourne vers d’autres cités emblématiques de l’Antiquité : Herculanum et Pompéi, et leurs chefs-d’œuvre miraculeusement conservés sous leur manteau de cendre. L’occasion surtout de présenter les prestigieuses collections du Musée national d’archéologie de Naples, dont la restructuration et la restauration sont en cours.

PARIS - Issus des collections du Musée national d’archéologie de Naples, quelque quatre-vingts sculptures, vases, mosaïques et fresques investissent pour près de quatre mois les salles fin-de-siècle du Petit Palais, peintes pour l’occasion de bleu, de parme et de rouge, trois couleurs correspondant à trois grands thèmes : les collections historiques, la Campanie et la Grande Grèce, les cités du Vésuve.

Qui n’a déambulé dans les immenses salles du prestigieux musée de Naples ne peut en effet comprendre ce que fut la fascination des Romains pour la culture grecque, ni l’engouement des princes de la Renaissance pour les chefs-d’œuvre de l’Antiquité.

Enlisement des travaux
Gigantesque conservatoire des plus ambitieuses collections privées d’Europe, dont celles provenant des illustres familles Borgia et Carafa, le bâtiment actuel – qui hérita dès sa création, en 1787, du fabuleux matériel archéologique exhumé dans les cités antiques d’Herculanum et de Pompéi –, croule littéralement sous le poids de ses deux cent mille œuvres ! Il était temps pour les conservateurs en charge de la célèbre institution de dépoussiérer et réorganiser les réserves, de restaurer vases et sculptures, mais aussi de stabiliser un monument que le tremblement de terre de 1980 avait fâcheusement ébranlé.

Car, aussi incroyable que cela puisse paraître, "avec la création de nombreux musées locaux, le musée de Naples est en passe de perdre son titre de plus grand musée de l’Italie du Sud", s’inquiète à juste titre Stefano de Caro, le dynamique surintendant des collections archéologiques des provinces de Naples et de Caserte. Face à l’essoufflement des crédits et à l’enlisement des travaux engagés, les responsables ont ainsi décidé de mieux faire connaître les fleurons de leurs collections. D’où cette exposition, présentée d’abord à Bonn, puis à Paris, de chefs-d’œuvre choisis par Giulo Macchi en raison de leur valeur emblématique plus que de leur intérêt scientifique.

Accueilli par d’émouvantes photographies en noir et blanc dévoilant les réserves du musée (amazones drapées d’un voile de plastique, bustes de marbre sagement alignés ou gravures empaquetées dans des dossiers), le visiteur découvre alors la célèbrissime Artémis d’Ephèse aux énigmatiques attributs, puis les non moins surréalistes Jambes de l’Hercule Farnèse, éphémères mollets de substitution sculptés au XVIe siècle par un élève de MichelAnge, juste avant que les fragments originaux de la statue du même nom ne soient retrouvés ! Autre œuvre qui n’a pas fini d’intriguer, la Tête colossale de cheval en bronze de la collection Carafa divise encore les spécialistes. Antique ou Renaissance ? Nul n’a encore tranché.
 
En revanche, réinterprétation froide et colossale du style polyclétéen, les gigantesques statues de Baïes sont clairement identifiées comme étant les Dioscures, Castor et Polux, fils de Zeus et de Léda. La même fascination pour les modèles grecs se retrouve dans ces élégantes copies romaines en marbre de l’école d’Aphrodisias, et plus encore dans cette émouvante statue d’adolescent en terre cuite aux allures d’Alexandre le Grand.

Mais s’il est un ensemble prestigieux au sein des collections du musée de Naples, c’est bien l’extraordinaire concert de fresques et de peintures funéraires, de la Tombe au cavalier de Nola de la fin du IVe siècle avant notre ère, jusqu’aux chefs-d’œuvre pompéiens, précieux reflets d’une peinture grecque hélas disparue. Et l’œil de vagabonder des huit panneaux de l’Amour fatal composant le décor, rarement réuni, de la maison dite de Jason, au double portrait humble et naïf du meunier Terentius Neo et de son épouse. Dessins aquarellés, gouaches et planches gravées de la première moitié du XIXe siècle prolongent, par leur fraîcheur et leur fidélité, cet émouvant plongeon dans le passé des cités vésuviennes…

-À l’ombre du Vésuve, collections du Musée national d’archéologie de Naples, jusqu’au 25 février 1996, Paris, Musée du Petit Palais, tous les jours, sauf le lundi, de 10h à 17h40. Beau catalogue publié par Paris Musées, 295 F.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°20 du 1 décembre 1995, avec le titre suivant : Les gloires du Musée archéologique de Naples

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