Photographie

L’autre couronnement, vu par Cartier-Bresson

Fondation Henri Cartier-Bresson (HCB), Paris-3e – Du 3 mai au 3 septembre 2023

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 5 mai 2023 - 358 mots

Du couronnement de Charles III, quelles images l’histoire retiendra-t-elle ? Trop tôt encore pour le dire.

Le retour sur le reportage effectué par Henri Cartier-Bresson sur celui de George VI, le 12 mai 1937, réserve à ce sujet un joli moment de lecture. Alors que les photoreporters et les publications de l’époque privilégient des moments précis de l’événement (passage du carrosse du roi, coiffe de la couronne…), Cartier-Bresson décide de ne s’intéresser qu’au peuple massé sur le pourtour du cortège. Un parti pris audacieux qui donnera des images passées depuis à la postérité, comme celle de cet homme profondément endormi dans un parterre de journaux, à Trafalgar Square, avec juste au-dessus de lui une foule concentrée sur ce qui se passe à quelques mètres d’elle.

De ce reportage effectué pour le quotidien Ce soir, et plus largement sur le séjour à Londres de Cartier-Bresson du 5 au 15 mai 1937, on ne sait néanmoins pas grand-chose. L’étude inédite de Clément Chéroux sur le sujet réactive donc aujourd’hui une archive qui n’avait jusqu’à présent fait l’objet d’aucune exposition ni ouvrage spécifique. À partir des négatifs (255 au total), des tirages (56) et d’autres documents conservés par la Fondation HCB, le nouveau directeur de l’institution donne à voir l’entièreté de ce reportage, ses trois parutions et l’esprit qui le gouverne. « La décision de Cartier-Bresson de ne photographier que le peuple fait aussi partie de la politique éditoriale de la presse communiste », précise Clément Chéroux.

Créé par Louis Aragon et Jean-Richard Bloch, Ce soir n’a alors que deux mois, et ses photographes attitrés s’appellent Capa, Chim et Cartier-Bresson. Cartier-Bresson seul est dépêché à Londres du 5 au 15 mai 1937 avec d’autres membres de la rédaction, dont Paul Nizan et son épouse. La subversion est à l’œuvre au même titre que l’humour. L’intérêt que Cartier-Bresson porte en particulier aux dispositifs scopiques, qui vont du simple miroir fixé au bout d’une tige au périscope le plus élaboré, conduit à des images savoureuses de spectateurs tournant le dos au roi pour mieux le voir passer. D’autres reportages se découvrent, comme celui sur la grève des chauffeurs de bus qui se déroulait au même moment.

« Henri Cartier-Bresson. L’autre couronnement »,
Fondation HCB, 79, rue des Archives, Paris-3e, www.henricartierbresson.org

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°764 du 1 mai 2023, avec le titre suivant : L’autre couronnement, vu par Cartier-Bresson

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