Art ancien

Filippino Lippi au Met

Une somptueuse célébration du dessin de la fin du XVe siècle

Par Paul Jeromack · Le Journal des Arts

Le 10 octobre 1997 - 462 mots

Depuis une dizaine d’années, le Metropolitan Museum of Art s’est fait une spécialité des expositions sur les Primitifs italiens. Après \"Peintures de la Renaissance à Sienne\" (1988), \"Mantegna\" (1992) et \"Peintures et gravures au début de la Renaissance à Florence, 1300-1450\" (1994), il inaugure prochainement \"Filippino Lippi et son cercle\", une somptueuse célébration du dessin de la fin du XVe siècle. Pas moins de cent dessins du maître italien seront présentés, sur les 150 qui ont survécu. La dernière exposition consacrée à Lippi avait eu lieu à Florence en 1955, aux Offices.

NEW YORK (de notre correspondant). Quand Filippino Lippi meurt, en 1504, il est l’un des peintres les plus fêtés et les plus populaires de Florence. Très influencé à ses débuts par la suavité et la grâce élégante de son maître Botticelli, il a su rapidement adopter une manière propre, plus ferme, et un vocabulaire artistique vif, largement influencé par la peinture du Nord et par l’Antiquité. À la fin du XIXe siècle, Paul Manz notait : “Aucun autre peintre parti, comme lui, des formes du XVe siècle, ne s’est écarté à ce point de l’esprit artistique de cette époque.” Le même critique voyait en lui le précurseur de Raphaël dans ses grandes compositions, mais aussi l’origine de “la confusion esthétique du Seicento”. Contrairement à ses peintures, les dessins de Lippi ont toujours été très recherchés. Plus de 150 nous sont parvenus, qui font de lui l’artiste du XVe siècle dont il reste le plus de dessins, après Léonard de Vinci. L’exposition en réunira une centaine, accompagnés d’œuvres de son père Fra Filippo Lippi, de son maître Sandro Botticelli, et de ses contemporains Piero di Cosimo et Raffaellino del Garbo. Les institutions étrangères ont généreusement contribué à cet événement, en particulier les Offices avec 41 feuilles, mais aussi le Louvre et le British Museum. Trois doubles pages du Libro de disegni de Vasari méritent une attention particulière : deux viennent de Christ Church, à Oxford, la troisième de la Woodner Collection à la National Gallery de Washington. Les dessins de Filippino Lippi exploitent en profondeur les ressources du trait. Plus expérimentaux, plus variés que ceux de tout autre Florentin, ils vont au-delà du style maniéré de Botticelli ou des formes impassibles de Ghirlandaio et de Lorenzo di Credi. Si les études à la pointe sèche sur papier teinté, rehaussées de blanc, ont toujours été une spécialité florentine, celles de Lippi sont particulièrement vivantes. Ses études à la plume et au lavis sont moins connues ; elles étonneront par leur liberté fiévreuse et leur hardiesse, sans précédent ni équivalent à leur époque.

FILIPPINO LIPPI ET SON CERCLE, 20 octobre-11 janvier 1998, Metropolitan Museum of Art, 1000 Fifth Avenue, New York, tél. 212 879 5500, tlj sauf lundi 9h30-17h30, vendredi et samedi 9h30-21h.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°45 du 10 octobre 1997, avec le titre suivant : Filippino Lippi au Met

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