Dialogues entre pierres et plantes

Œuvres d’art anciennes ou contemporaines, plantes, herbiers, bouquets séchés ont été disposés avec subtilité au long du parcours par les commissaires, le botaniste Marc Jeanson, responsable de l’herbier national au Museum d’histoire naturelle, et l’historienne de l’art Raphaëlle Reynaud, créant des correspondances. Comme innocemment posés à l’entrée de la Sainte Chapelle, un figuier, un laurier et des fougères font écho aux moulages de feuilles d’acanthe et autres motifs végétaux classiques représentés dans la pierre. Dans les grandes salles de l’aile Longueville, des spécimens d’herbiers sont mis en regard des foisonnements végétaux des tapisseries exposées : iris, pissenlit, pavot à opium, etc. Au visiteur d’observer et de retrouver la fleur dans le décor. Quant à l’étonnante chambre funèbre, dont les très anciens lambris peints comprennent un arbre de vie, elle sert d’écrin précieux à un arbre de Lionel Sabatté. Des photographies anciennes et contemporaines d’architectes confrontées au végétal, des eaux-fortes de ruines antiques de Giambattista Piranesi ou un travail étonnant de Raphaëlle Peria sur les ruines d’Angkor racontent les plantes saxifrages (de saxum, « pierre » et frangere, « briser »), celles qui percent la roche pour se développer. Enfin, sous l’extraordinaire forêt de la charpente de l’aile Longueville, cinquante-sept dessins et peintures d’arbres de Bernard Moninot réalisés jour après jour pendant le confinement, sont alignés, proposant une réflexion sur l’architecture des arbres. Magistral.