Photographie

Chaumont-Photo-sur-Loire, la nature dans tous ses états

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 20 janvier 2022 - 475 mots

CHAUMONT-SUR-LOIRE

La manifestation accueille, au sein du domaine du château, les œuvres d’une sélection de photographes autour du thème de la nature et des conséquences de son saccage par l’homme.

Chaumont-sur-Loire. En quatre éditions seulement, Chaumont-Photo-sur-Loire s’est inscrit dans le calendrier des rendez-vous photo attendus de l’hiver. La programmation s’articule toujours autour du paysage, de la nature et des incidences des activités humaines sur cette dernière. Chantal Colleu-Dumond, commissaire de l’exposition, a invité cette année Tania Mouraud, Raymond Depardon, Edward Burtynsky, Pascal Convert et le duo Clark et Pougnaud. Cette sélection offre une belle variété de photographes, et un choix de travaux pour chacun d’entre eux emblématiques de leur manière d’appréhender ces sujets et ce médium.

Paysages en souffrance

La place importante accordée à Tania Mouraud (pas moins de cinq séries dont une inédite) permet de relever quelques spécificités de son œuvre photographique : sa grande liberté (notamment son traitement spécifique au tirage) mais aussi ses liens avec la peinture, la vidéo, les installations et les performances. « La photographie est un moyen de faire de la peinture », affirme-t-elle. « Borderland », série de reflets de paysage renvoyés par les toiles en plastique noir protégeant les ballots de paille, exprime ce regard de peintre nourrie d’histoire de l’art. On retrouve ses photos ailleurs dans d’autres bâtiments du domaine dans les séries « Balafres » sur l’exploitation du lignite en Allemagne, ou dans « Desolation Row », tas de meules de foin pourri, métaphore d’une ville en ruine après un conflit : « Derrière la beauté, l’horreur et la vulnérabilité de la vie », dit-elle. La disparition et la mort sont particulièrement présentes dans les créations de ces dernières années.

Dans le registre de la dénonciation, les séries « Water » et « Anthropocène » d’Edward Burtynsky révèlent la puissante esthétique du photographe canadien et son engagement depuis plus trente ans à documenter les ravages de l’extraction intensive des ressources, de l’industrialisation ou de l’agriculture intensives sur les écosystèmes. Les images inédites de Pascal Convert des paysages de Bâmiyân, vus depuis les béances causées par la destruction des deux bouddhas monumentaux, couplées au panoramique de la falaise de Bâmiyân où ils avaient été sculptés, convoquent d’autres tragédies, d’autres territoires traumatiques.

Une vision positive de la nature

Changement de registre avec « La ferme du Garet » de Raymond Depardon, portrait intime et lumineux de la ferme de ses parents, réalisé en 1984 dans le cadre de la commande publique de la mission photographique de la DATAR, sur la représentation du paysage français. « Éden » de Clark et Pougnaud est un autre portrait en creux d’une ferme familiale en Charente où le couple a décidé de s’établir fin 2017. Pour la première fois, aucun personnage n’apparaît dans les décors peints par Virginie Pougnaud, on voit uniquement des produits du jardin ou des compositions florales photographiés par Christophe Clark. Une vision champêtre et sereine de la nature à la lumière réconfortante qui fait le plus grand bien.

Chaumont-Photo-sur-Loire,
jusqu’au 27 février 2022, Domaine de Chaumont-sur-Loire, centre d’arts et de nature, 41150 Chaumont-sur-Loire.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°580 du 7 janvier 2022, avec le titre suivant : Chaumont-Photo-sur-Loire, la nature dans tous ses états

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