États-Unis - Disparition

Disparition de Richard Serra

Par Marion Krauze · lejournaldesarts.fr

Le 27 mars 2024 - 519 mots

ORIENT / ÉTATS-UNIS

Le sculpteur américain, connu pour ses monumentales œuvres en acier, s’est éteint mardi 26 mars à l’âge de 85 ans.

Richard Serra. © Oliver Mark, 2005, CC BY-SA 4.0
Richard Serra.
© Oliver Mark, 2005

Salué comme l’un des plus grands sculpteurs de son temps, l’artiste américain Richard Serra est décédé mardi 26 mars, à l’âge de 85 ans. Son avocat a précisé au New York Times qu’il est mort à son domicile, à Orient dans l’État de New York, des suites d’une pneumonie. Rendu célèbre pour ses monumentales plaques d’acier rouillé, l’artiste avait adopté une approche à la fois minimaliste et immersive de la sculpture, créant des formes circulaires et sinueuses qui redéfinissent la place du spectateur.

Sa passion pour l’acier remonte à l’enfance. Né en 1938 à San Francisco, Richard Serra a fréquenté très jeune les chantiers navals, son père y étant employé comme soudeur, et travaillait dans des aciéries l’été dès ses seize ans. En 1961, il intègre l’école des beaux-arts de l’université de Yale où il étudie la peinture, puis se rend à Paris et fréquente l’atelier de Brancusi. Grand admirateur d’Alberto Giacometti, Richard Serra se tourne alors vers la sculpture, utilisant des matériaux peu conventionnels comme le latex, le néon et le plomb fondu. En 1969, il réalise One Ton Prop (House of Cards), quatre plaques en plomb maintenues en équilibre à la manière d’un château de cartes.

À partir des années 1970, Richard Serra opte pour l’emploi de grandes plaques d’acier à l’aspect rouillé. Il commence à penser ses sculptures en fonction de la topographie des lieux et de la manière dont elles vont interagir avec le spectateur. « Quand on voit mes pièces, on ne retient pas un objet. On retient une expérience, un passage » avait-il expliqué en 2004. Le spectateur est invité à circuler, déambuler au sein de l’œuvre monumentale pour en faire pleinement l’expérience.

Vernissage de la Promenade de Richard Serra à Monumenta au Grand Palais en 2008 © Photo Ludovic Sanejouand
Vernissage de la Promenade de Richard Serra à Monumenta au Grand Palais en 2008 .
© Ludovic Sanejouand

Les sculptures urbaines de Richard Serra se multiplient alors au Japon, au Canada et aux États-Unis, non sans controverse. En 1981, son œuvre Tilted Arc, gigantesque tronçon d’acier installé sur la Federal Plaza de Manhattan, avait tellement suscité l’opposition des riverains qu’elle a fini par être démantelée et retirée. « Je ne pense pas que la fonction de l'art soit de plaire » avait-il alors déclaré.

Les années 2000 sont une période charnière pour l’artiste, qui a progressivement abandonné les angles droits pour la courbe. Depuis 2005, le Musée Guggenheim de Bilbao expose de manière permanente son installation The Matter of Time, œuvre emblématique composée de huit pièces courbes qui a amené l’historien de l’art Robert Hughes à dire de lui qu’il « n’est pas seulement le meilleur sculpteur vivant, mais aussi le seul grand sculpteur à l’œuvre au XXIe siècle ». En 2007, le MoMA de New York lui avait consacré une rétrospective et l’année suivante, Richard Serra réalisait une œuvre pour le Monumenta du Grand Palais à Paris. Depuis 2014, son installation East-West/West-East est exposée dans le désert du Qatar.

Richard Serra a poursuivi son activité artistique jusqu’à l’âge de 80 ans en exposant pour la Gagosian Gallery de New York en 2019, qu’il décrit lui-même comme étant sa « plus grosse exposition de tous les temps. »

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