Windsor renaît de ses cendres

Les dégats de l’incendie en partie réparés

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 19 décembre 1997 - 516 mots

Le château de Windsor rouvrira ses portes le 27 décembre, après cinq ans de travaux. Le dramatique incendie de 1992 avait entraîné des révisions déchirantes pour la famille royale. Non seulement la reine avait accepté de payer des impôts, mais elle avait aussi ouvert une partie de Buckingham Palace aux visiteurs. Les fonds engrangés grâce à ces deux décisions ont permis de mener à bien la restauration partielle du château.

LONDRES (de notre correspondant) - Les travaux de restauration des appartements d’État se sont achevés le mois dernier, juste à temps pour les cérémonies des noces d’or de la reine, et les derniers préparatifs avant la réouverture sont pratiquement terminés. Après beaucoup d’hésitations, il a été décidé que sur les neuf pièces principales, gravement endommagées ou détruites, cinq seraient rendues à leur état initial : la grande salle de réception, les salons pourpre et vert, et les salles à manger octogonale et d’État. Dans la Galerie Saint George, un nouveau plafond en chêne remplace celui que Sir Jeffry Wyatville avait installé dans les années 1820. Les espaces autrefois occupés par la chapelle privée et les pièces adjacentes, où s’est déclaré l’incendie, ont été complètement repensés, dans un style en accord avec le reste de l’architecture. Pour la chapelle, le duc d’Édimbourg, dont les talents  étaient restés soigneusement cachés, a réalisé un dessin préparatoire à un vitrail : celui-ci représente l’incendie et une scène montre un portrait de Wyatville sauvé des flammes.

Le 20 novembre 1992, la Bi­bliothèque royale et la salle des Estampes avaient été vidées de leur contenu et de la presque totalité de leurs collections en une heure (à commencer par les dessins de Léonard de Vinci et d’Holbein). Et c’est heureux car, d’après Adam Nicolson, auteur d’un ouvrage sur la restauration, si le feu avait gagné ces pièces, “les dommages subis par les œuvres d’art se seraient élevés à 500 millions de livres sterling (5 milliards de francs), sinon plus.”

Par chance, la plupart des peintures à l’huile des salles dévastées avaient été enlevées en raison de travaux, et seul le portrait de George III par Beechey a été détruit. Au lieu de le remplacer par une copie, une gigantesque toile représentant la famille de Frederick, prince de Galles, a été accrochée dans la salle à manger d’État. La restauration de la Galerie Saint George a mis au jour un fragment de peinture mu­rale du XVIIe siècle par An­tonio Verrio – dont la majeure partie avait été détruite par Wyatville –, où ne subsiste qu’un personnage regardant le Christ guérissant les malades.

La restauration a coûté 37 millions de livres (364 millions de francs) ; 70 % ont été apportés par les droits d’entrée à Buckingham Palace et au château de Windsor, et le reste par l’allocation annuelle du gouvernement aux palais royaux habités. Maintenant que les travaux sont achevés, les recettes des droits d’entrée seront probablement attribuées à deux nouveaux projets concernant la Collection royale : un atelier de restauration des tableaux à Windsor, et une nouvelle aile pour la Queen’s Gallery de Buckingham Palace, afin d’agrandir l’espace réservé aux expositions temporaires.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°50 du 19 décembre 1997, avec le titre suivant : Windsor renaît de ses cendres

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