États-Unis - Restitutions

Une statue de Marc Aurèle saisie au Musée de Cleveland

Par Louise Wagon · lejournaldesarts.fr

Le 6 septembre 2023 - 536 mots

CLEVELAND / ÉTATS-UNIS

Le procureur de New York a saisi une statue en bronze dans le cadre d’une enquête sur des antiquités pillées en Turquie. 

Statue de Marc Aurèle du Cleveland Museum of Art. © Sailko, 2016, CC BY 3.0
La statue présumée de Marc Aurèle du Cleveland Museum of Art.
Photo Sailko, 2016

Le bureau du procureur de New York a récemment saisi une statue en bronze au Musée d’art de Cleveland dans l’Ohio dans le cadre d’une enquête sur le pillage d’un ensemble statuaire de la cité gréco-romaine de Bubon – une ville de l’ancienne Lycie, en Anatolie (actuelle Turquie). Dépourvue de sa tête, cette œuvre représenterait l’empereur romain et philosophe Marc Aurèle. 

La Turquie revendique depuis 2012 cette statue acéphale ainsi que plusieurs autres objets présents dans la collection du Musée de Cleveland, objets qui selon elle, ont été pillés dans l’ancienne Lycie. Les responsables du musée avaient déclaré à l’époque que la Turquie n’avait fourni aucune preuve tangible de pillage.

Au milieu des années 1960, un nombre inhabituel de statues impériales romaines et de têtes ont fait leur apparition sur le marché international de l’art. Elles ont transité par l’intermédiaire de Robert E. Hecht, un marchand américain condamné à plusieurs reprises pour trafic d’antiquités et décédé en 2012. Entre les années 1970 et 1990, des chercheurs turcs et américains avaient entrepris de reconstituer le groupe dispersé des Bubons. Récemment, l’unité de lutte contre le trafic d’antiquités du bureau du procureur de Manhattan, en collaboration avec les autorités turques, a repris l’enquête en s’appuyant sur les travaux antérieurs. 

Fleuron du Musée de Cleveland, cette statue acéphale d’une hauteur avoisinant les deux mètres, estimée à 20 millions de dollars (plus de 18 millions d’euros), a été acquise par l’institution en 1986. Elizabeth Marlowe, professeur d’histoire de l’art et d’études muséales à l’université Colgate, affirme que la statue a toujours été associée à Bubon. En 1987, lors de la présentation de la statue, « le musée avait exposé des photographies d’autres statues de Bubon et un portrait supplémentaire de Bubon, emprunté à un autre musée ». Elle rajoute que les fiches explicatives et le communiqué de presse mentionnaient l’origine présumée de ces sculptures « dans un sanctuaire provincial en Turquie honorant la famille impériale romaine ».

Le musée semble aujourd’hui nier ce contexte, rapporte le Cleveland Plain Dealer. Jusqu’à il y a seulement deux mois, le site du musée décrivait l’œuvre comme « L’empereur en philosophe, probablement Marc Aurèle (règne 161-180 ap. J.-C) », ajoutant que la statue était originaire de « Turquie, Bubon (?) (en Lycie), romaine ». Désormais, les références à Bubon, à la Turquie et même à Marc Aurèle ont été supprimées. La statue sans tête est simplement désignée comme « figure masculine drapée », qui pourrait être « romaine ou éventuellement grecque hellénistique ». La provenance de l’œuvre ne figure plus, tandis que sa datation est indiquée entre « 150 avant notre ère et 200 après notre ère »

Au cours des deux dernières années, le procureur de Manhattan a effectué plusieurs saisies en lien avec les possibles pillages en Turquie. Le Musée Worcester, dans le Massachusetts, a accepté de rendre un buste en bronze, tandis qu’une tête de Caracalla a été saisie au Musée des antiquités de Fordham, dans le Bronx. En avril dernier, une statue en bronze de l’empereur romain Septime Sévère, ainsi qu’un portrait fragmentaire en bronze de l’empereur Caracalla, tous deux originaires de Bubon et saisis au Metropolitan Museum, avaient été restitués à la Turquie. 
 

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque