Marché de l’art

Une longue attente

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 12 mars 2008 - 501 mots

Le rapport de Martin Bethenod sur le marché de l’art a été rendu le 3 mars à la ministre de la Culture Christine Albanel. Mais il faudra encore attendre quelques jours avant qu’il ne soit dévoilé.

PARIS - La ministre de la Culture, Christine Albanel, serait trop effacée, plus absente des médias que les « chouchous » du gouvernement ? Qu’à cela ne tienne, la remise le 3 mars du rapport d’une soixantaine de pages de Martin Bethenod sur le marché de l’art lui a donné l’occasion de faire parler d’elle dès le lendemain, à quelques jours du premier tour des élections municipales. Autant dire que dans l’éventualité d’un remaniement ministériel, il s’agissait de prouver son zèle à appliquer la lettre de mission du président Sarkozy. Et celle-ci appelait à redynamiser d’urgence le marché de l’art. Rien de mieux pour boucler la boucle que d’annoncer la remise du rapport au Centre Pompidou, là où Christine Albanel en avait signalé la commande en octobre dernier. Si la ministre a souligné les grandes lignes d’une quarantaine de propositions, elle s’est gardée de rentrer dans le détail. Les têtes de chapitre sont bien connues des professionnels : la nécessité de conforter les collectionneurs en France, en facilitant les achats des entreprises et des particuliers, ce qui conduirait à faire évoluer les lois sur le mécénat et le système des dations ; le besoin pour les acteurs du marché de travailler dans les mêmes conditions que leurs homologues européens, avec notamment des pistes à creuser du côté des ventes de gré à gré et des garanties financières ; l’impératif de données statistiques fiables qui font tant défaut à l’analyse précise du marché. Sans compter les questions réglementaires relatives à la TVA et au droit de suite, ce dernier faisant l’objet d’un état des lieux européen en janvier 2009.

Identifier les résistances
Le contenu complet du rapport sera rendu public très prochainement, après avoir été présenté au Premier ministre et au président de la République. Christine Albanel devra aussi développer l’action interministérielle et, dans le cas du droit de suite, jouer sur la présidence de l’Union européenne par la France. Martin Bethenod, qui a auditionné une centaine d’acteurs du marché, avait déjà pris les devants en travaillant en amont avec Bercy pour identifier les points de résistance possible. « C’est un rapport dynamique qui ouvre des pistes. On ne dit pas, voilà ce qu’il faut faire, mais on ne sait pas comment faire. À chaque fois, il y a les clés pour agir et ouvrir les portes », a déclaré Christine Albanel. Néanmoins, celle-ci n’a pas évité les cafouillages. Interrogée sur l’éventuelle concordance entre le rapport Bethenod et la proposition de loi de réforme du marché de l’art, rendue publique le 5 février par les sénateurs UMP Philippe Marini et Yann Gaillard, elle n’a pu masquer son ignorance quant à l’existence même d’un tel projet. Un sacré camouflet pour le Sénat, qui risque de s’en souvenir lorsque la proposition émanant du gouvernement sera débattue au parlement !

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°277 du 14 mars 2008, avec le titre suivant : Une longue attente

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