Royaume-Uni - Archéologie - Vol

En Angleterre, un trésor romain volé avant son transfert au British Museum 

Par Alexandre Clappe · lejournaldesarts.fr

Le 19 décembre 2022 - 522 mots

LANCASHIRE / ROYAUME-UNI

Composé de pièces en argent, il venait d’être entreposé dans un musée local après sa découverte par des prospecteurs amateurs.

Musée du Lancashire à Preston, Royaume-Uni. © JThomas, 2013, CC BY-SA 2.0
Musée du Lancashire à Preston, Royaume-Uni.
Photo JThomas, 2013

Des objets de l'époque romaine d'une valeur présumée de plusieurs milliers d’euros ont été volés au sein d’un musée à Preston (Lancashire) dans le Nord-Ouest de l’Angleterre, suscitant la consternation de leurs découvreurs ainsi que des archéologues.

Comprenant 28 pièces d'argent romaines et un lingot d'argent déterrés plus tôt cette année dans le Rutland, un comté des Midlands, les objets ont été remis au musée par les deux prospecteurs amateurs de métaux qui les avaient trouvés, comme l'exige la loi locale (Treasure Act, 1996).

Les objets étaient censés être stockés dans un lieu sécurisé à l'intérieur du Museum of Lancashire avant d'être envoyés au British Museum pour évaluation et estimation. Mais selon le Daily Mail, un courriel envoyé par le département culture du conseil du comté de Lancashire aux prospecteurs a confirmé leur disparition dans des circonstances entraînant une enquête de police.

Le message révèle que le problème n’a été connu que lorsque le British Museum a demandé le transfert à Londres d'une des pièces du musée de Preston. Lorsque le personnel du musée a vérifié le contenu du trésor, la plupart des objets avaient disparu. Le conseil municipal attribue cette affaire aux actions d'un ou plusieurs individus inconnus pour le moment.

Cette disparition suspecte pourrait avoir des conséquences sur la légitimité du Portable Antiquities Scheme (PAS) du British Museum et sur le protocole gouvernemental d'administration des découvertes de trésors. Le PAS a été mis en place en 2003 suite aux inquiétudes suscitées par l'augmentation de la prospection de métaux qui entraînait la perte d'importantes découvertes archéologiques. Afin de mieux garantir que les découvertes soient signalées et évaluées, le système permet aux prospecteurs de signaler volontairement leurs trouvailles à un agent de liaison local, généralement rattaché à un musée municipal.

Les objets considérés par la loi comme des « trésors » sont ensuite conservés pour déterminer s'ils sont d'importance nationale, auquel cas les musées et les institutions publiques ont la possibilité de les acheter. Dans la plupart des cas, cependant, les objets trouvés sont déclassés et retournés à l'expéditeur, en vertu de la règle « celui qui trouve, garde ».

Néanmoins, il existe un risque que les prospecteurs ne prennent plus la peine d'enregistrer leurs découvertes auprès du PAS s'ils pensent qu'elles pourraient être volées. Un spécialiste du patrimoine, Andy Brockman, l’a expliqué au Daily Mail : « Les prospecteurs de métaux et les archéologues sont préoccupés par cette enquête. Non seulement d'importantes découvertes archéologiques ont apparemment disparu d'un entrepôt sécurisé, dans un bureau fermé à clé, dans un bâtiment auquel le public n'a pas accès de manière habituelle. Mais il semble également qu'aucun système d'inventaire n'ait été mis en place, ni au service des musées du Lancashire, ni au Portable Antiquities Scheme, permettant au personnel de vérifier régulièrement si les objets qui avaient été enregistrés étaient toujours en stock. »

De son côté, le British Museum a défendu « l'énorme succès » du système PAS en déclarant qu’il avait engendré un « bond massif » de 30 % des découvertes signalées. 

Pour l'heure, la police poursuit son enquête sur le vol présumé.
 

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque