Royaume-Uni - Politique culturelle

Birmingham taille dans la culture

BIRMINGHAM / ROYAUME-UNI

Après avoir fait faillite, la municipalité va supprimer la quasi-totalité de ses subventions culturelles.

L'Ikon Gallery à Birmingham. © cattan2011, 2019, CC BY 2.0
L'Ikon Gallery à Birmingham.
© Cattan, 2019

Birmingham (Angleterre). Les subventions allouées à des organisations culturelles par la Ville de Birmingham vont être réduites de 50 % sur l’année 2024-2025, une baisse qui représente 630 000 livres sterling (737 000 €). L’année fiscale suivante, c’est l’intégralité de ces subventions qui vont être supprimées (1,3 M£, soit 1,52 M€). La décision, cauchemardesque pour le secteur culturel, a été votée le 5 mars. Birmingham est pourtant la deuxième plus grande ville du Royaume-Uni. La capitale des Midlands, au centre de l’Angleterre, est aussi un pôle culturel en plein développement alors que les prix exorbitants de Londres font fuir les jeunes générations d’artistes vers d’autres régions. Mais en septembre 2023, le conseil municipal a annoncé être en faillite et des économies drastiques ont dû être imposées.

Une image écornée

L’Orchestre symphonique de Birmingham, le Birmingham Rep Theatre, le Birmingham Royal Ballet ou encore le Birmingham Opera Company font partie des établissements touchés par ces coupes budgétaires. Les forums artistiques, des espaces publics de rencontre autour de l’art, vont aussi être annulés. Seul l’organisme B:Music conservera sa subvention pour ses locaux. Deux projets culturels historiques seront maintenus la première année mais disparaîtront en 2025-2026.

« Sur les deux années, nous allons perdre un peu plus de 19 000 livres, souligne Ian Hyde, directeur général de l’Ikon Gallery. L’impact sera moins important pour nous que pour d’autres, mais c’est aussi parce que nos subventions de la part du conseil municipal ont énormément été réduites depuis 2012. Nous touchions alors 300 000 livres (352 000 €) par an. » L’essentiel des revenus de cet espace d’art contemporain public et gratuit provient de l’agence nationale Arts Council England, à hauteur de 900 000 livres par an jusqu’en 2027. En revanche, les coupes vont affecter les partenaires de l’Ikon Gallery ainsi que le tissu artistique et culturel de la ville. « Nous allons continuer de chercher d’autres partenaires et nous allons réussir à atténuer cette perte. Mais ces coupes budgétaires vont affecter l’ensemble de Birmingham. Son image va en subir les conséquences et c’est dommage car c’est une ville très dynamique qui attire visiteurs et entreprises. »

Le secteur culturel n’est en effet pas le seul à être touché. Les restrictions budgétaires concernent aussi les services de la Ville tandis que la taxe d’habitation va augmenter de près de 10 % sur un an. Lors des débats qui ont précédé le vote douloureux du 5 mars, les conseillers municipaux des différents partis se sont renvoyés la responsabilité. Alors que le Parti travailliste est majoritaire depuis 2012, le conseiller conservateur Richard Parkin a reproché au parti son incompétence. « Le Labour a violé toutes les promesses qu’il avait faites, il devait protéger la culture et il la laisse en friche ! », s’est-il emporté. Les conseillers travaillistes se sont défendus en soulignant l’austérité imposée par le gouvernement central géré par les conservateurs depuis 2010. « Les erreurs commises à Birmingham n’ont pas été faites dans le vide et les municipalités sont confrontées à une vraie tempête de réductions de budgets et de coûts plus élevés », a déclaré John Cotton, le chef travailliste du conseil municipal. Selon lui, la Ville a perdu un milliard de livres (1,17 Md€) de financement depuis 2011.

Cette situation est dénoncée par l’ensemble du secteur culturel britannique. Selon l’organisation de défense de la culture Campaign for the Arts, la réduction des subventions du gouvernement représente une baisse de 40 % en termes réels, entre les années 2009-2010 et 2019-2020. Or selon Campaign for the Arts, ces baisses ont porté de façon disproportionnée sur le secteur des arts. En 2022-2023, les conseils municipaux britanniques ont dépensé 35 % de moins par personne qu’en 2010 alors que les dépenses par habitant pour la culture, le patrimoine et les services de bibliothèque ont baissé de 48 %.

D’autres conseils municipaux britanniques ont récemment indiqué prévoir des baisses de dépenses notamment dans le secteur culturel. Celui de Nottingham, plus au nord de l’Angleterre, a ainsi annoncé le 4 mars la suppression de l’intégralité des subventions allouées aux institutions culturelles.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°629 du 15 mars 2024, avec le titre suivant : Birmingham taille dans la culture

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