Afghanistan

Afghanistan : une exposition talibane pour marquer la défaite américaine

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 4 janvier 2022 - 488 mots

GHAZNI / AFGHANISTAN

À Ghazni, cité aux 3 500 ans d'histoire dans le sud-est de l'Afghanistan, une nouvelle exposition s'est ouverte devant une foule de combattants talibans captivés : des murs de béton trouvés sur une base militaire américaine.

En lettres capitales sous un emblème de tête de mort, s'y trouvent les noms d'une vingtaine de soldats et de leur bataillon : une manière pour eux - utilisée régulièrement dans d'autres conflits - de commémorer leur passage dans le pays au fil de la plus longue guerre jamais menée par les États-Unis. Désormais, ces reliques de quelques mètres de haut sont aux mains des talibans, exposées en témoin de la défaite des troupes de l'Otan après 20 ans de combats. « Nous devons les montrer pour que les Afghans, le monde et les générations futures sachent que nous avons battu les Américains, même s'ils disaient être les plus forts », explique à l'AFP le mollah Habibullah Mujahed, responsable de la Culture à Ghazni.

Les talibans ont conquis Ghazni, 150 kilomètres au sud de Kaboul, trois jours avant la chute de la capitale le 15 août. Les nouveaux maîtres de l'Afghanistan se pressent désormais d'écrire à Ghazni, où des fouilles archéologiques ont mis au jour des ruines bouddhistes du 2e ou 3e siècle, un nouveau chapitre d'Histoire : leur victoire militaire. Sur les routes à l'entrée de la ville de 200 000 habitants, une autre exposition informelle se dévoile : celle des véhicules blindés abandonnés. Il y a ceux de l'armée américaine rouillés et détruits, aux pneus crevés et privés de leurs armes, dans lesquels des enfants jouent. Et la dizaine de tanks abandonnés par les soviétiques, témoins de l'occupation par l'Armée rouge qui s'était terminée par une humiliation.

« Fiers de nos exploits »

En rajoutant les Britanniques au XIXe siècle, le pays a résisté à trois forces étrangères - et beaucoup d'Afghans se font une joie de le rappeler. « Nous sommes fiers de nos exploits quand nous voyons cela », commente Ozaïr, jeune combattant taliban de 18 ans au visage encore marqué par l'acné. « On a prouvé que des Afghans nés ici pouvaient battre l'Amérique, un pays puissant », ajoute-t-il en contemplant les véhicules détruits.

Comme à Ghazni, les reliques de deux décennies de guerre se retrouvent un peu partout dans le pays - et tout n'est pas inutilisable. Une grande partie des armes et équipements fournis par les américains à l'armée et la police afghanes est tombée aux mains des talibans lors du retrait chaotique des troupes internationales et de la chute de l'ancien gouvernement.

Ce butin est devenu la preuve tangible de leur retour au pouvoir, sans nécessiter une rigueur d'historiens. Car si le mollah Habibullah Mujahid se vante que les noms sur les murs en béton sont ceux « d'importants commandants et généraux » tués au combat, ils n'apparaissent pas dans les bases de données des soldats américains morts. Et les initiales des grades suggèrent qu'aucun d'entre eux n'était un officier.

Par Élise Blanchard

Cet article a été publié par l'AFP le 4 janvier 2022.

Thématiques

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque