Renaissance

Vente Léonard de Vinci : « l'écriture du peintre », la clé pour authentifier un tableau

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 17 novembre 2017 - 494 mots

PARIS

PARIS [16.11.17] - L'attribution d'un tableau ancien ressemble à une enquête criminelle mais ce qui est déterminant pour les spécialistes, c'est « l'écriture du peintre », explique à l'AFP l'expert français Eric Turquin après la vente record d'une oeuvre de Léonard de Vinci seulement authentifiée en 2005.

Cet expert a lui-même attribué au Caravage, un tableau découvert par hasard dans un grenier, un avis contesté mais qui a incité l'Etat français à classer cette oeuvre "Trésor national", empêchant ainsi sa vente à l'étranger jusqu'en novembre 2018.

Comment peut-on affirmer que le tableau vendu à New York 450,3 millions de dollars est bien de Léonard de Vinci?
"Les experts consultés ont accumulé des indices sérieux et concordants en faveur de son attribution. Ce qui a été crucial, c'est l'exposition de Londres en 2011 à la National Gallery qui rassemblait neuf des quinze oeuvres connues du maître. On a su qu'un nouveau Léonard était apparu. Visuellement ça a fonctionné avec les autres tableaux, c'était convaincant. On fonctionne par cercles concentriques: c'est bien un tableau du XVIe, c'est bien un tableau milanais peint vers 1500-1510. Et puis il y a la provenance : il est très probable que ce Salvator Mundi a été commandé par la couronne de France. On le retrouve dans une vente anglaise des années 1650".

Quelle est la part des technologies contemporaines dans cette authentification?
"Le tableau a été examiné sous toutes les coutures, mais la technologie n'est jamais déterminante, elle ne peut prouver que négativement. Si la radiographie vous montre en-dessous un portrait de Louis XIV, ce n'est pas un Léonard de Vinci... Mais vous ne convaincrez pas les spécialistes s'ils ne reconnaissent pas l'écriture du peintre. Léonard, on le reconnaît au dessin. Dans le cas de ce tableau, il y a la vision très frontale du personnage, cette extraordinaire atmosphère qu'on appelle le sfumato (effet vaporeux), ses bleus très particuliers, et un rapport évident avec la Joconde. Quant à l'hypothèse de plusieurs mains, ça pouvait arriver pour un tableau d'autel, de grande dimension mais pas pour un tableau de dévotion privée, de petit format. Et puis n'oubliez pas qu'il était sans doute commandé par le Roi de France : c'est un client pour lequel vous ne faites pas travailler les autres.
Le tableau est très usé, c'est le cas de beaucoup de tableaux de Vinci qui avait une très mauvaise technique. Il était en permanence à la recherche de nouveaux pigments, de nouveaux vernis, de nouveaux effets de matière, alors que son contemporain Botticelli utilisait des matériaux plus simples qu'il maîtrisait."


L'histoire de ce Vinci est hors norme. De futures découvertes sont-elles possibles?
"Cette vente, c'est une très bonne nouvelle pour tout le monde. Ça veut dire qu'on peut toujours tout trouver, quand on voit la façon rocambolesque dont ce tableau est apparu. Ce qui fait la richesse de notre métier, ce sont des découvertes comme ça et il y en a beaucoup plus qu'on ne croit ! "
 

Antoine FROIDEFOND

 

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Eric Turquin devant le tableau Judith tranchant la tête d’Holopherne attribué au Caravage, le 12 avril 2016 à Paris © photo Patrick Kovarik | AFP

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