Un expert attribue une statuette en argent à Rodin mais ne convainc pas les conservateurs

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 31 octobre 2011 - 452 mots

PARIS [31.10.11] – Gilles Perrault, spécialiste de Rodin et de Camille Claudel, affirme avoir authentifié une statuette de Rodin après vingt-cinq ans de recherches. La démonstration ne convainc cependant pas le Musée Rodin, qui s’est déclaré sceptique face aux conclusions de l’expert.

« La vie de Rodin est un roman », affirme Gilles Perrault dans une interview au Nouvel Observateur. Une petite pirouette en réponse au scepticisme du Musée Rodin, peu convaincu par sa démonstration et qui accuse l’expert d’avoir « bâti un roman » autour d’une statuette. Depuis vingt-cinq ans, Gilles Perrault mène en effet l’enquête sur une petite figurine en argent. Persuadé qu’elle est l’œuvre de Rodin, il a accumulé les indices, à défaut de preuves, et a finalement exposé sa théorie au public jeudi 27 octobre.

La statuette représente une jeune femme voûtée, qui penche la tête sur le côté. Elle retient un drapé d’une main tandis que l’autre est cachée derrière son dos. Un antiquaire nantais la découvre en 1987 et la revend à un particulier, qui la confie à Gilles Perrault pour qu’il l’analyse. L’œuvre ne porte ni poinçon, ni signature. Elle n’en a pas besoin selon l’expert car « cette statuette est née sous X mais sa signature est imprimée dans chaque muscle ». Gilles Perrault, expert agréé auprès de la Cour de Cassation, a authentifié sept cent cinquante œuvres de Rodin et une soixantaine de Camille Claudel. Il affirme retrouver dans la figurine la technique et l’inspiration du maître.

La statuette n’est mentionnée nulle part. Ni dans la correspondance entre Rodin et Camille Claudel, ni dans les écrits historiques. Gilles Perrault s’appuie donc uniquement sur ses propres analyses. Il a comparé la figurine avec des dessins de Rodin, effectué une étude minutieuse des mains, des pieds et des plis du drapé. Des traces microscopiques de plâtre et de cire retrouvées sur la statuette pourraient provenir du tissu enduit que Rodin était le seul à utiliser à cette époque. Des strilles sont également comparables à celles d’un Balzac du sculpteur. L’expert va même plus loin en affirmant que la femme représentée, « meurtrie et triste », pourrait être Camille Claudel.

Le musée Rodin n’a pas assisté à la présentation de l’expert, peut-être en signe de désapprobation face à ce qu’il considère comme une vaste invention. « Nous sommes très, très sceptiques, en l’absence de documents évoquant l’existence d’une telle statuette en argent mais aussi en l’absence d’œuvres s’y rapprochant » explique Aline Magnien, conservatrice en chef du patrimoine au musée Rodin. Gilles Perrault rappelle quant à lui avoir déjà expertisé une œuvre que les conservateurs tenaient pour fausse. Il a déposé un rapport de soixante pages au musée, dans le but que d’autres continuent son enquête.

Légende photo

Auguste Rodin photographié par Nadar en 1891 - source Wikimedia

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