Un document de travail de la Moselle sur l’avenir de ses équipements culturels inquiète les syndicats

Par Julie Paulais · lejournaldesarts.fr

Le 31 août 2015 - 628 mots

METZ (MOSELLE) [31.08.15] – Le département de la Moselle étudie actuellement plusieurs propositions d’organisation des 8 sites culturels qu’elle possède (dont le Musée Georges de La Tour), dans le but de réaliser des économies budgétaires. Parmi les hypothèses figure la fermeture totale des sites. Les syndicats s’inquiètent et se mobilisent.

Dans un document interne d’une vingtaine de pages daté de juin 2015 que LORACTU a réussi à se procurer, le conseil départemental de la Moselle étudie plusieurs propositions pour réaliser des économies sur les sites culturels et touristiques qui lui appartiennent. Plusieurs hypothèses sont évoquées : des jours de fermeture supplémentaires, une économie sur le personnel, des cessions d’exploitation à des fondations, la location des espaces à des associations, l’arrêt de certains services comme les restaurants, et en dernier recours la fermeture pure et simple de tous les sites.

Le département possède et gère huit sites sous le label « Moselle Passion », qui accueillent chaque année environ 197 000 visiteurs : le Château de Malbrouck, le parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim, la maison Robert Schuman (qui a reçu en mars le label Patrimoine européen), les jardins fruitiers de Laquenexy, le domaine de Lindre, le Musée de la Guerre de 1870 et de l'Annexion, le Musée Georges de La Tour et le Musée du Sel à Marsal.

L’audit réalisé en interne dresse un bilan sombre de ces sites : trop d’heures supplémentaires non récupérées, une gestion financière peu sécurisée, une programmation artistique sans cohérence, une communication à améliorer et à développer et un manque de marketing opérationnel.

D’après ce document interne, l’hypothèse de la fermeture de la totalité des sites permettrait de réaliser une économie de l’ordre de 2 millions d’euros. Dans le détail, la fermeture du parc archéologique de Bliebruck permettrait d’économiser 474 000 euros par an (dont 471 000 euros pour l’archéologie préventive), celle du Musée de la Guerre de 1870, 458 000 euros, le Château de Malbrouk 350 000 euros par an, le Domaine de Lindre 292 000 euros, la Maison Robert Schuman 247 000 euros, le Musée Georges de la Tour 169 000 euros, les jardins fruitiers 158 000 euros, et le Musée du Sel 146 000 euros.

La fermeture des sites, qui n’est qu’une hypothèse parmi d’autres, nécessiterait la réaffectation du personnel permanent, le maintien de l’entretien des bâtiments, ainsi que le transport et le stockage des œuvres dans des réserves. Le conseil départemental craint également le « déficit d’image » que provoquerait une telle décision. « La piste de la fermeture existe et elle est envisageable pour les sites les moins connus ou les plus coûteux », explique une source syndicale. « Ceux qui continuent à fonctionner à perte pourraient disparaître ».

Alors que la fermeture totale de tous les sites semble peu probable, ce sont les conditions de travail des agents qui pourraient être mises à mal. Selon Gilbert Chaumont, du syndicat FO, « un plan social à l’encontre du personnel » est en préparation. D’après le document du conseil départemental, une réorganisation du temps de travail (suppression des besoins occasionnels, suppression des vacations et des heures supplémentaires), permettrait une économie de 282 000 euros par an.

Les syndicats inquiets se sont ainsi mobilisés le week-end dernier pour protester contre les menaces de restrictions budgétaires et de fermeture des sites. Une banderole noire portant l’inscription « Culture en danger », accueillait notamment les visiteurs du parc archéologique de Bliesbruck-Reinheim en marge de l’événement « Vita Romana ». Une mobilisation qui aurait « vexé Patrick Weiten », président du conseil départemental de Moselle, affirme une porte-parole de FO au sein du conseil. « Nous avions un rendez-vous le 2 septembre mais il a été annulé ». Une autre réunion pour évoquer les possibilités d’économies est prévue le 14 septembre, selon l’intersyndicale FO-Sud-CFDT.

Légende photo

Château de Malbrouck, en Moselle © Photo Orchi - 2010 - Licence CC BY-SA 3.0 

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