Arabie Saoudite - Société

Un artiste condamné à mort pour apostasie en Arabie Saoudite

Par Julie Paulais · lejournaldesarts.fr

Le 23 novembre 2015 - 644 mots

ABHA (ARABIE SAOUDITE) [23.11.15] – Le poète et artiste palestinien né en Arabie saoudite, Ashraf Fayadh, a été condamné à mort le 17 novembre pour apostasie et abandon de sa foi musulmane. Ses amis pensent que cette condamnation est une vengeance de la police religieuse pour avoir posté une vidéo d’un homme fouetté en public.

Un tribunal saoudien a condamné un poète et artiste d’origine palestinienne à mort pour apostasie et abandon de sa foi musulmane, a déclaré vendredi 20 novembre Adam Coogle, chercheur au Moyen-Orient pour Human Rights Watch, qui aurait eu accès à des documents du procès.

« Je suis vraiment choqué, mais c’était prévu, bien que je n’aie rien fait qui mérite la mort », a déclaré Ashraf Fayadh au Guardian. Ashraf Fayadh, 35 ans, est un acteur de la jeune scène artistique saoudienne et de l’organisation artistique Edge of Arabia, ayant largement contribué à faire connaitre les artistes contemporains saoudiens à l’étranger, notamment au Royaume-Uni. Il a également été commissaire de deux expositions en 2013, à Djeddah et à la Biennale de Venise.

Ashraf Fayadh a été arrêté par la police religieuse du pays en 2013 à Abha, au sud-ouest de l’Arabie Saoudite, après une plainte selon laquelle il jurait contre Allah et le prophète Mahomet, il insultait l’Arabie Saoudite et distribuait un recueil de poèmes prônant l’athéisme. Il a été libéré sous caution après une journée, mais la police l’a de nouveau arrêté le 1er janvier 2014, confisqué sa carte d'identité et l’a transféré à la prison locale 27 jours plus tard. Selon les amis de Fayadh, lorsque la police n’a pas réussi à prouver que sa poésie était de la propagande athée, ils ont commencé à le réprimander parce qu’il fume, porte les cheveux longs, et aurait eu des relations illicites avec des femmes.

Fayadh a nié les accusations de blasphème. Les documents indiquent également qu'il a admis qu'il avait des relations avec les femmes. Mais l’artiste a déclaré que ses paroles avaient été déformées : les femmes étaient des collègues artistes et les photographies sur son téléphone ont été prises au cours de la semaine de l'art de Djeddah, le plus important événement artistique d'Arabie Saoudite.

Jugé en février 2014, le tribunal l'a condamné à quatre ans de prison et à 800 coups de fouet. Après le rejet de son appel, de nouveaux juges ont prononcé le 17 novembre dernier une sentence de mort à l’encontre de l’artiste.

Mona Kareem, un activiste du Koweït qui a mené une campagne pour la libération du poète, a déclaré: « Pendant un an et demi ils lui ont promis un appel et l’ont intimidé en déclarant qu'il y avait de nouvelles preuves. Il était incapable de désigner un avocat parce que sa carte d’identité a été confisquée quand il a été arrêté. Puis ils ont dit qu’il devait avoir un nouveau procès et qu’ils allaient changer le procureur et les juges. Le nouveau juge ne lui a même pas parlé, il a juste prononcé le verdict. »

Les partisans de Fayadh pensent qu’il a été condamné pour avoir posté en ligne une vidéo montant la police religieuse fouetter un homme en public à Abha. « Certains saoudiens pensent qu’il s’agit d’une vengeance de la police des mœurs », a confirmé Mona Kareem. Ce dernier estime également qu’il a été ciblé parce qu’il est un refugié palestinien, bien qu’il soit né en Arabie Saoudite.

Adam Coogle a souligné que « cette affaire est encore une autre marque noire sur le lamentable bilan des droits de l'homme en Arabie saoudite en 2015, qui comprend la flagellation publique du blogueur libéral Raif Badawi en janvier et une condamnation à mort pour Ali al-Nimr, un Saoudien accusé d'activités liées à la protestation prétendument commises avant l'âge de 18 ans ». Ashraf Fayadh dispose d’un délai de 30 jours pour faire appel de la décision.

Sauvons le poète Ashraf Fayad condamné pour apostasie par l'Arabie Saoudite

Signons la pétition en ligne sur www.change.org

Légende Photo :
L'artiste Ashraf Fayadh, à droite de Chris Dercon © Instagram

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque