Justice

Un ancien sous-préfet soupçonné de vol de tableau devant la justice

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 30 octobre 2017 - 467 mots

CLERMONT-FERRAND

CLERMONT-FERRAND (PUY-DE-DÔME) [29.10.17] - L'ancien sous-préfet de Brioude (Haute-Loire), Hugues Malecki, sera jugé mardi après-midi devant le tribunal correctionnel du Puy-en-Velay pour le détournement d'un tableau appartenant au mobilier national, dont l'original avait été échangé avec une copie.

Natalia Sergeevna Goncharova - Dahlias
Natalia Sergeevna Goncharova (1881-1962), Dahlias (c. 1940), huile sur toile, 66 x 42 cm
© Collection Mobilier National

Le haut fonctionnaire, suspendu de ses fonctions à titre conservatoire, est soupçonné d'avoir subtilisé une huile sur toile signée de l'artiste russe naturalisée française Nathalie Gontcharoff (1881-1962).

En 2014, alors qu'une institution culturelle nationale réclame l'oeuvre d'art pour une exposition, les services de l'État remarquent alors l'aspect bien trop neuf de la toile, supposée dater des années 1940, et de son encadrement, pour être originale. Ils découvrent que ce même tableau, baptisé Dahlias et représentant un immense bouquet de fleurs débordant d'un vase, a été vendu à Londres lors d'une vente consacrée à la peinture russe par la maison d'enchères Sotheby's en mai 2012 pour 103.250 livres (près de 131.000 euros).

Une enquête est alors confiée à l'Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC), et mène à Hugues Malecki, en poste à Brioude entre 2006 et 2007. En 2012, il avait vendu la toile - dont aucun élément visuel n'attestait qu'elle puisse avoir été volée - pour "moins de 12.000 euros" - à un collectionneur sur Internet, quelques mois avant que ce dernier ne la cède à son tour aux enchères, selon une source proche du dossier.

Pendant de nombreuses années, c'était donc un faux, avec une signature imitant celle de l'artiste, qui trônait dans les salons de la petite sous-préfecture. Aux enquêteurs, M. Malecki a assuré n'avoir rien prémédité. Ayant remarqué l'oeuvre parmi les biens de la sous-préfecture, ce féru de peinture et collectionneur d'art avait voulu la faire restaurer mais avait finalement opté pour une copie effectuée par un professionnel, opération moins onéreuse et légale si les dimensions diffèrent de l'original. Qu'il pensait, par la suite, avoir remisé dans les combles de la sous-préfecture. Selon lui, ce n'est que cinq ans après son départ de Brioude qu'il serait retombé sur le tableau dans son garde-meubles, empaqueté "par inadvertance" avec d'autres oeuvres par les déménageurs. Il s'en serait alors séparé dans la précipitation, sans réfléchir.

Marié et père de cinq enfants, officier vétérinaire dans l'armée avant d'intégrer la fonction publique d'État, Hugues Malecki venait tout juste de prendre ses fonctions de secrétaire général pour les Affaires régionales (Sgar) de la préfecture de Normandie lorsqu'il a été interpellé et mis en examen, en février 2016. Il a ensuite été placé sous contrôle judiciaire. Administrateur hors classe, il fut notamment directeur de cabinet du préfet de Corrèze, directeur de cabinet du Haut-commissaire de Nouvelle-Calédonie et secrétaire général de la mairie de Nouméa, entre autres fonctions.

Au tribunal se posera aussi la question du préjudice : l'État a évalué le tableau, désormais à l'étranger, à... 900.000 euros.

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