Accident

Tremblement de terre de dimanche en Italie centrale, le point sur la situation

Par Carole Blumenfeld · lejournaldesarts.fr

Le 31 octobre 2016 - 713 mots

ROME (ITALIE) [31.10.16] - Après les deux séismes du 24 août et du 26 octobre, un nouveau tremblement de terre de magnitude 6,5 –le plus violent depuis 1980– a réveillé l’Italie centrale dimanche à 7h40, provoquant des dégâts importants tant humains que patrimoniaux.

A Rome, la secousse de dimanche matin a été fortement ressentie. Les dégâts sont en cours d’estimation, mais on signale déjà que deux importants monuments de la ville ont été touchés. La basilique de San Paolo fuori le mura (basilique Saint Paul-hors-les-murs) présente des fissures inquiétantes, en particulier dans le quadriportique, et la coupole de Borromini à Sant’Ivo alla Sapienza (église Saint Yves-de-la-Sagesse) a également été endommagée. Des dommages ont aussi été signalés à la basilique de San Lorenzo Fuori le Mura (basilique Saint Laurent-hors-les-murs).

Les dégâts les plus marquants ont eu lieu toutefois en Ombrie et dans les Marches – au Nord Est de Rome - où des dizaines de campaniles sont à terre. Le coordonnateur de l’Unité de crise nationale pour le patrimoine, Fabio Guttuso Carapezza, a confié au Journal des Arts dimanche après-midi, que pour des raisons de sécurité, les techniciens du ministère des Biens Culturels ne peuvent pas encore vérifier les informations qui leur parviennent des lieux frappés par le nouveau séisme car plusieurs voies d’accès ont été coupées.

D’ores et déjà, on sait que la basilique de San Benedetto et la cathédrale de Santa Maria Argentea se sont écroulées comme des châteaux de cartes. Seules les façades sont encore debout. Toujours à Norcia (Ombrie), les églises de San Filippo (XIIIe siècle) et Santa Rita (XVIIe siècle), se sont en partie ou totalement effondrées. L’église San Francesco du XIVe siècle, reconstruite après le séisme de 1859, abritant des fresques des XVe et XVIe siècles et abritant la bibliothèque et les archives communales, a été fortement endommagée. A Todiano de Norcia, l’église de San Bartolomeo (XIVe siècle) a été frappée. Des villages entiers sont littéralement rasés comme Castelluccio da Norcia.

Dans les Marches, à Camerino, tout le centre historique est fermé. L’église de la Madonna delle Carceri (XVIe siècle) et surtout l’église de San Filippo (XVIIIe siècle) où se trouve L’Apparition de la Madone avec l’enfant à Saint Philippe Neri de Tiepolo qui mesure près de 3,5 mètres, se sont en partie écroulé. Il y a des dégâts à Fermo, en particulier à l’église de San Domenico (XIIIe siècle).

La situation s’est fortement aggravée depuis les deux séismes de mercredi à Arquata del Tronto, à Tolentino et à Visso. Par miracle, en milieu de semaine dernière, les vingt-sept manuscrits de Leopardi conservés au Museo Civico Diocesano de Visso, détruit dimanche, avaient été transférés par mesure de précaution à Bologne. La collégiale gothique de San Ginesio du XIIIe siècle, exemple unique dans cette région du gothique fleuri où sont conservés des œuvres de Simone De Magistris, de Zuccari et Pomarancio, présenterait des dommages extrêmement graves et la façade de San Francesco serait tombée.

Amatrice, durement touché par le tremblement de terre du 24 août dernier enregistre de nouveaux dommages, comme le maire, Sergio Pirozzi, l’a confié au Journal des Arts. La Torre civica et l’église Sant’Agostino – celle-ci avait en partie résisté au tremblement de terre– se sont définitivement effondrées. Des destructions sont également signalées une nouvelle fois sur le Dôme d’Urbino, mais aussi à Ascoli Piceno ou encore à L’Aquila.

Les fonctionnaires du ministère espèrent pouvoir commencer à opérer très rapidement, ce qui semble peu probable vu l’intensité des répliques sismiques. Les Unités de Crises Régionales qui seront sur place dès lundi pourront sans doute organiser les premières interventions de récupération des biens et certaines mises en sécurité des édifices, mais le protocole du ministère commence à être critiqué, notamment par Alessandro Delpriori, historien de l’art et maire du village de Matelica dans une tribune publiée dans La Repubblica samedi. Joint par téléphone dimanche, celui-ci a dressé au Journal des Arts un constat inquiétant de la situation dans son village et aux alentours, et s’est plaint une nouvelle fois de l’impossibilité de pratiquer des opérations d’urgence sur les nombreux monuments touchés, car celles-ci ne peuvent être réalisées que par le ministère. Selon lui, les normes ne sont plus adaptées à une situation en constante évolution, d’autant plus que l’ampleur des désastres patrimoniaux a été démultipliée ce dimanche.

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Une photo montre un effondrement près du centre de Norcia suite au tremblement de terre de magnitude 6,6 le 30 octobre 2016 © photo ALBERTO PIZZOLI / AFP

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