Art contemporain

Supports / Surfaces version USA

Par Aurélie Romanacce · L'ŒIL

Le 26 octobre 2017 - 808 mots

Alors qu’il revient dans les galeries et les musées, en France et à l’étranger, le mouvement né à la fin des années 1960 dans le Sud de la France inspire une jeune génération de peintres américains du XXIe siècle.

Marché -  Il Est le dernier mouvement d’avant-garde français de la modernité. Même si le « moment » Supports/Surfaces, selon l’expression du galeriste Bernard Ceysson, n’aura duré que trois ans de 1969 à 1972, il aura durablement marqué l’histoire de l’art en réaffirmant le pouvoir de la peinture à une époque où la mort de ce médium était annoncée. Dès 1966, Pierre Buraglio, Daniel Deuzeuze, Louis Cane, Patrick Saytour et Claude Viallat triturent la toile, s’emparent du châssis, peignent sur des matériaux de récupération ou appliquent des motifs à l’infini afin de libérer la peinture de sa vocation de représentation et faire advenir au regard le support et la surface du tableau comme finalité. Claude Viallat résume ainsi leur travail : « Dezeuze peignait des châssis sans toile, moi je peignais des toiles sans châssis et Saytour l’image du châssis sur la toile. » Toujours dans cet esprit d’avant-garde, « le mouvement Supports/Surfaces est le premier à regarder les Américains dans les années 1960, rappelle Loïc Garrier, directeur de la Galerie Ceysson & Bénétière à Paris. Robert Rauschenberg, Mark Rothko et Jackson Pollock les ont beaucoup influencés. »

Aujourd’hui, si les membres du groupe poursuivent l’exploration de leur peinture chacun de leur côté, le mouvement Supports/Surfaces connaît une nouvelle notoriété au travers de grandes expositions au Carré d'art de Nîmes, mais aussi via la prochaine rétrospective de Daniel Dezeuze au Musée d’art contemporain de Grenoble ou celle de Claude Viallat au Musée Fabre à Montpellier en 2014, tout en s’exportant dans les galeries aux États-Unis. Une façon de faire découvrir aux collectionneurs, mais aussi à la jeune génération d’artistes américains un mouvement qu’ils ignoraient jusqu’alors. Preuve de ce succès outre-atlantique, l’exposition « Supports/Surfaces » organisée par la Galerie Canada à New York en 2014 a durablement marqué les esprits par l’affluence des jeune peintres, venus s’inspirer de ce mouvement pourtant très éloigné de leur contexte. Comme quoi le mouvement Supports/Surfaces n’en finit pas de bousculer le chevalet de la peinture contemporaine.

 

1_anna Betbeze -  Au contraire du mouvement Supports/Surfaces qui ne comptait aucune femme dans son groupe, les artistes féminines sont désormais nombreuses sur la scène artistique à souhaiter libérer la peinture de son carcan. Anna Betbeze (née en 1980 à Columbus en Géorgie), autre artiste montante à avoir participé à l’exposition « La Surface de la côte Est. De Nice à New York » à Nice, s’inspire des tapisseries brûlées de Patrick Saytour pour livrer une version radicale de la peinture. Ses tapis de laine rongés par l’acide se déploient magistralement sur les murs et interrogent le support traditionnel du tableau en explorant d’autres surfaces.
18 000 $
Galerie Markus Lüttgen (Cologne, Allemagne)
2_claude Viallat -  Digne d’une œuvre muséale, cette pièce (1966/018, colorant sur tissu, 130 x 100 cm) de Claude Viallat est historique par la date de sa réalisation. En effet, c’est en 1966 que l’artiste crée cette forme si caractéristique qu’il déclinera tout au long de sa vie. La rareté de cette série – peu d’œuvres de 1966 sont disponibles sur le marché – explique son prix deux à trois plus élevé que les créations des années 1970 de l’artiste, pourtant très recherchées. Cette œuvre fondatrice dans le parcours du peintre fut présentée à la Fiac en 2016 sur le stand de Ceysson & Bénétière.
250 000 €
Galerie Ceysson & Bénétière (Paris)
3_daniel Dezeuze -  Autre artiste historique de Supports/Surfaces, Daniel Dezeuze remet à plat la peinture en s’emparant du châssis de la toile comme support à part entière. L’artiste, inspiré de l’art minimal américain, convoque la trame et la grille pour scander l’espace d’exposition. Cette Échelle de bois souple (1971, bois teinté, 120 x 695 cm) partiellement roulée au sol ou déployée au mur, en fonction de son accrochage, oscille sans arrêt entre peinture et sculpture. Pièce emblématique de Supports/Surfaces, elle traduit avec force les convictions de Daniel Dezeuze au début des années 1970, pour qui l’œuvre d’art « transporte avec elle un système de pensées, politique, philosophique, idéologique ».
140 000 €
Galerie Hervé Bize (Nancy)
4_landon Metz -  Dans la droite ligne des motifs de Claude Viallat, Landon Metz (né en 1985 à Phoenix en Arizona) renoue avec le principe sériel de la peinture et de l’abstraction en appliquant à ses toiles des formes géométriques répétitives. L’artiste, s’il est encore loin d’atteindre le sommet financier des œuvres de Supports/Surfaces, connaît une notoriété grandissante. Il a ainsi participé cet été à « La Surface de la côte Est. De Nice à New York » au 109 à Nice, une exposition où les œuvres historiques des artistes de Supports/Surfaces dialoguaient avec les créations des héritiers de la nouvelle génération de peintres américains.
10 000 $
Galleria Massimo Minini ((Brescia, Italie)

 

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°706 du 1 novembre 2017, avec le titre suivant : Supports / Surfaces version USA

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