La petite-nièce de Camille Claudel accusée de contrefaçon

Par Hélène Brunel · lejournaldesarts.fr

Le 1 février 2012 - 498 mots

PARIS [01.02.12] – Reine-Marie Paris, la petite-nièce de la plasticienne française Camille Claudel (1864-1943), a comparu devant la justice à Paris pour contrefaçon. Certains ayants-droit de l’artiste lui reprochent d’avoir violé les droits d’auteur de leur aïeule en procédant au tirage posthume d’une série de bronzes non conformes aux œuvres originales. PAR HÉLÈNE BRUNEL

Le tirage de bronzes artistiques peut être l’occasion d’une contrefaçon, si la reproduction de l’œuvre originale intervient en violation des droits de l’auteur du modèle créé. Ce qui est fréquemment le cas en pratique ; en témoigne le litige opposant la petite-nièce de Camille Claudel, Reine-Marie Paris, aux héritiers de Paul Claudel, le frère de l’artiste. Selon ces derniers, une dizaine de fontes posthumes réalisées par Reine-Marie Paris à partir de deux œuvres de Camille Claudel, « La Vague » et « La Valse », seraient illégales, car elles ne respecteraient pas la volonté de la défunte.

Dans cette affaire, un procès en contrefaçon est ouvert depuis qu’un amateur d’art belge a porté plainte en 2001. Ce dernier avait acquis pour un montant total d’un million d’euros deux de ces rééditions qui, après expertise, se sont révélées ne pas être des œuvres authentiques. Le procès aurait dû s’achever le 1er février 2012 mais, le 31 janvier, l’affaire a finalement été renvoyée devant le juge d’instruction pour des raisons de procédure, l’ordonnance chargée de saisir la juridiction pénale compétente ayant été jugée irrégulière.

Maître Bernard Jouanneau, l’avocat des ayants-droit de Paul Claudel, dénonce la mise sur le marché par certains héritiers d’artistes d’œuvres présentées comme des originaux alors que ce ne sont que des reproductions destinées à tromper le public. Selon lui, Reine-Marie Paris aurait fait fortune « sur le dos de l’œuvre de Camille Claudel [...] en vendant un à deux millions d’euros des œuvres qui ne valaient pas plus de 20 000 à 50 000 euros ». « Il est temps de mettre fin à cet abus », conclut-il.

D’après l’AFP, Reine-Marie Paris se serait constituée une véritable collection d’œuvres de Camille Claudel, une collection commencée du vivant de cette dernière, avec l’acquisition notamment de « La Vague » et de « La Valse ». Or, pour ces deux œuvres antérieures à l’adoption de la loi du 9 avril 1910 (qui dissociera la propriété du droit de reproduction de la possession du support de l’œuvre), le droit de reproduction lui avait été cédé en même temps que celles-ci. Reine-Marie Paris avait donc le droit (patrimonialement) de procéder à de nouveaux tirages de ces œuvres. Toutefois, il semble qu’elle n’aurait pas dû le faire sans l’autorisation des titulaires du droit moral de Camille Claudel. Au vu de la jurisprudence, en effet, il apparaît que cet accord est obligatoire, lorsqu’il a été décidé de modifier le format du modèle créé par l’artiste ou encore son matériau. En l’espèce, « La Valse » a été reproduite dans une version plus grande. Et « La Vague » refondue en bronze uniquement, alors que l’œuvre originale était composée d’un mélange de bronze et d’onyx.

Légende photo

Camille Claudel, La Valse, version conservée à la Neue Pinakothek de Munich - © photo Allie Caulfield - 2009 - Licence CC BY 2.0

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque