Une œuvre de Martin Kippenberger trop bien nettoyée par une femme de ménage

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 8 novembre 2011 - 337 mots

DORTMUND (ALLEMAGNE) [08.11.11] – Au musée Ostwall de Dortmund, une femme de ménage trop zélée a entrepris de décrasser une œuvre de Martin Kippenberger. La patine de cette installation, assurée pour 800 000 euros, a été intégralement nettoyée, au grand dam du collectionneur qui l’avait prêtée au musée.

L’installation s’intitule Quand des gouttes commencent à tomber du plafond. Elle est composée de planchettes de bois empilées, sous lesquelles est disposé un bac en caoutchouc. Au fond de la bassine, une couche de peinture imitait des gouttes de pluie séchées. C’est cette patine qui a aujourd’hui disparu sous les coups de chiffon d’une femme de ménage trop zélée. Jugeant les traces d’eau malpropres, elle a entrepris de les nettoyer. Un franc succès pour l’employée mais une catastrophe pour le musée, qui juge les dégâts « irréparables ».

L’œuvre, réalisée par Martin Kippenberger, a été prêtée au musée par un collectionneur privé et est assurée pour 800 000 euros. Reste à savoir qui de l’assurance du musée ou de celle de l’entreprise de nettoyage prendra les frais en charge. La femme de ménage était en effet employée par une société sous-traitante indépendante du musée. Peut-être n’était-elle donc pas informée de la règle de l’établissement d’après laquelle les employés de ménage doivent respecter une distance de vingt centimètres avec les œuvres. Le collectionneur a malgré tout décidé de laisser l’œuvre exposée dans les salles du musée. Il est le seul habilité à décider si la patine doit être restituée ou non, l’auteur de l’œuvre étant décédé en 1997.

Martin Kippenberger n’est pas le seul artiste à avoir souffert des ardeurs d’équipes de nettoyage. En 1986, une femme de ménage d’un musée de Düsseldorf avait, elle aussi, nettoyé Fettecke (« coin gras »), une œuvre de Joseph Beuys représentant une motte de beurre suintante. En 2001, une installation de Damien Hirst dans une galerie londonienne avait été jetée à la poubelle. Comme Damien Hirst, Martin Kippenberger aurait peut-être jugé cette méprise « très drôle », lui qui déclarait peu de temps avant sa mort : « Même des bêtises peuvent devenir de l’art ».

Légende photo

Le centre d'art « Dortmund U », qui abrite, entre autres, le Musée Ostwall depuis sa réouverture en octobre 2010 - © photo Dominik Wesche - 2011 - Licence CC BY-SA 3.0 

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