Foire & Salon

Les révélations du 62e Salon de Montrouge

Par Stéphane Renault · lejournaldesarts.fr

Le 27 avril 2017 - 1050 mots

PARIS [27.04.17] - Le Salon d’art contemporain de Montrouge a ouvert ses portes le 26 avril. Tour d’horizon des talents émergents mis en lumière par cette sélection 2017.

Tremplin de la jeune création, le Salon de Montrouge a dévoilé hier, en avant-première à la presse et aux collectionneurs, les 53 jeunes artistes sélectionnés parmi quelque 2500 candidatures.

Fort d’une nouvelle direction artistique depuis 2016 avec l’arrivée aux commandes d’Ami Barak, commissaire d’exposition, ancien directeur du Frac Languedoc-Roussillon et de Marie Gautier, la manifestation gagne en lisibilité grâce à une scénogra-phie stylée et un parcours allégé, découpé en quatre chapitres thématiques : « élevage de poussière », « fiction des possi-bles », « laboratoire de formes », « récits muets. »

Ces différents chapitres rassemblant les artistes par affinités donnent à voir un panorama significatif des préoccupations et modes d’expression de la jeune génération. Ce choix de catégorisation révèle au final une grande diversité des pratiques, ayant pour point commun la mixité des genres, une forme de métissage - concept qu’il convient de défendre haut et fort en ces temps troublés de repli identitaire. Pour les jeunes créateurs - qui se révèlent être, de plus en plus, des créatrices - disposer d’un vaste éventail au-delà d’un seul médium est devenu la norme, passant d’un mode d’expression à un autre : peinture, installation, sculpture, vidéo, photographie, dessin… le plus souvent de manière complémentaire, dans un même espace. Autre tendance forte, la performance, là encore conçue en complémentarité ou partie intégrante d’une pièce - par exemple une installation de sculptures, accompagnée d’une vidéo de performance avec ces sculptures.

Parmi les oeuvres, dont un grand nombre ont été produites pour le Salon (avec l’aide de bourses financées par les différents parte-naires), on retiendra quelques propositions marquantes.

L’installation Gamete Glass de Jeanne Briand explore les futurs possibles du transhumanisme. Vaste matrice artificielle, composée de sculptures en verre soufflé, inspirées par les formes des gamètes et reliées par des ports USB et des fils en silicone, elle est accompagnée des sons produits par les vibrations de ces sculptures, les effets du souffle et de l’eau sur leur surface cristalline.

Gabriel Decazes, toutes techniques confondues, crée des paysages en chantier, piliers de grottes, entre phénomènes naturels, concrétions et architectures froides, épurées, à l’instar de ses Paresseuses en béton cellulaire.

Linda Sanchez compose un tissu de sable, mince pellicule posée au sol, sorte de tapis dont les plis se muent en dunes désertiques. Un travail naturaliste, à l’écoute des éléments, à la fois subtil, délicat, plastiquement très convaincant.

Guillaume Valenti expose ses toiles hyperréalistes, qui avaient trouvé acquéreur avant le vernissage : des espaces d’exposition, témoignant d’une grande maîtrise technique.

Romain Gandolphe propose une vidéo de visite guidée du Salon, avant que les oeuvres ne soient installées. Performance réjouissante, sollicitant l’intellect et l’imagination face aux cimaises immaculées.

Jingfang Hao et Lingjie Wang nous invitent à faire apparaître un arc-en-ciel dans un espace intérieur selon le point de vue que l’on occupe ou font évoluer sur une trajectoire circulaire un point blanc se déplaçant tel un astre sur une toile obscure (Dans un univers où tout est mobile). Ils figurent au nombre des artistes sélectionnés par Emma Lavigne, commissaire de la prochaine Biennale de Lyon.

Laura Huertas Millan invite à s’attarder sur la vie quotidienne d’une communauté Navarro dans une vidéo documentaire humaniste, créant ce qu’elle nomme une « fiction ethnographique » ; un travail remarquable.

A travers ses photos explorant le corps nu mis en situation mais surtout une vidéo puissante (Drop out Bodies) marquée par la danse, Ludivine Large-Bessette, diplômée de la Fémis, envoute le spectateur en revisitant les danses macabres du Moyen Âge. On sort fasciné de ce travelling fatal, où la caméra fait office de Faucheuse dans un décors pavillonnaire. Les uns après les autres, les corps tombent, dans un élan inexorable, rythmé par une musique obsédante. L’effondrement, métaphore de notre époque ?

A l’issue des délibérations, le Jury de la 62e édition du Salon de Montrouge a récompensé :

Grand Prix du Salon-Palais de Tokyo : Marianne Mispelaëre
Le Palais de Tokyo accueillera un projet personnel de Marianne Mispelaëre, dans le cadre de sa mission de soutien à la création émergente.

Prix des Beaux-Arts de Paris : Alexis Chrun
Alexis Chrun bénéficiera d’une aide à la production de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris (ENSBA).

Prix du Conseil départemental des Hauts-de-Seine : Laura Huertas Millán
Laura Huertas Millán recevra le soutien du Conseil départemental des Hauts-de-Seine pour la réalisation d’un projet inédit.

D’autres prix ont également été remis lors du vernissage :

LE PRIX ADAGP – « Révélation Arts Plastiques » : Kokou Ferdinand Makouvia

Kokou Ferdinand Makouvia bénéficiera d’une dotation. Le jury ADAGP sera coprésidé par Hervé Di Rosa et Elizabeth Garouste, et composé de Mélanie Bouteloup (Directrice de Bétonsalon - Centre d’art et de recherche & Villa Vassilieff), Françoise Monnin (rédactrice en chef d’ARTENSION) et de l’artiste Barthélémy Toguo.

Résidence à Moly-Sabata : Romain Gandolphe
Romain Gandolphe sera accueilli en résidence durant deux mois à Moly-Sabata et recevra une dotation. Il sera désigné par un jury composé d’Eva Nielsen, artiste, Marie de Brugerolle, commissaire d’exposition, professeur d’histoire de l’art à l’ENSBA Lyon et auteure, Sarah Ihler-Meyer, critique d’art et commissaire indé-pendante, et de Pierre David, directeur de Moly-Sabata

Le Prix Kristal : Florian Mermin
Le Prix Kristal a été remis par un jury d’enfants issu du Conseil municipal des enfants. Florian Mermin, lauréat du Prix Kristal, bénéficie d’une dotation de la Ville de Montrouge, ainsi que d’une exposition personnelle à la Galerie Artyfamily.

Le Prix Tribew : Suzanne Husky
La maison d’édition Tribew, spécialisée dans la jeune création, réalisera un eBook monographique pour Suzanne Husky.

Le Jury qui les a choisis était présidé cette année par Bernard Blistène, directeur du Musée National d’art moderne depuis 2013, et composé d’Aude Cartier, directrice de la Maison des arts – Centre d’art contemporain de Malakoff, Jean de Loisy, président du Palais de Tokyo, Anne Dressen, curatrice au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, Alexia Fabre, directrice du MacVal, Stephan Kutniak, directeur général adjoint du pole culture au Conseil départemental des Hauts-de-Seine, Claire Le Restif, historienne de l’art et directrice du Crédac, Marcella Lista, historienne de l’art et curatrice, Jean Loup Metton, Maire de Montrouge de 1994 à 2016, Didier Semin, conservateur et enseignant aux Beaux-Arts de Paris, et Gaëtane Verna, directrice de la Power Plant Contemporary Art Gallery de Toronto.

Information
Site Internet du Salon de Montrouge : www.salondemontrouge.com

Légende Photo :
Jingfang Hao et Lingjie Wang, Arc-en-ciel (Over the Rainbow), 2016 © Lingjie Wang

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