Monument

Un monument dédié à Ivan le Terrible inauguré en Russie

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 17 octobre 2016 - 503 mots

MOSCOU (RUSSIE) [14.10.16] - La Russie a inauguré vendredi un monument controversé à Ivan le Terrible, le premier tsar de Russie, à la réputation cruelle, dont la réhabilitation est promue par plusieurs responsables du pays.

Le gouverneur de la région d'Orel, ville située 350 km au sud de Moscou, a dévoilé le premier monument de Russie en l'honneur d'Ivan le Terrible, rendant hommage lors de son inauguration à un "défenseur de notre pays, un tsar qui a étendu nos frontières".

Devant une foule brandissant le drapeau impérial noir et jaune, prisé des nationalistes russes, Vadim Potomski a ajouté qu'Ivan le Terrible avait su protéger la Russie et l'Eglise orthodoxe de ses ennemis.

Ivan IV, qui régna de 1547 à 1584 et fut le premier souverain russe à porter le titre de "tsar de toutes les Russie", gagna son surnom de "Terrible" en raison de ses méthodes brutales et de sa paranoïa, qui mena à l'exécution de milliers de personnes pendant son règne.

Le monument de bronze, où Ivan le Terrible porte ses vêtements royaux, chevauchant un cheval et brandissant une croix orthodoxe, a été érigé à Orel en raison de rumeurs disant que la ville a été créée par le souverain, même si les historiens assurent n'en avoir aucune preuve définitive.

L'inauguration du monument a été soutenue par le ministre russe de la Culture Vladimir Medinski, selon lequel la réputation sanguinaire d'Ivan le Terrible est un mythe fondé par les voyageurs occidentaux de l'époque désirant ternir son image.

Pour l'historien russe Vladislav Nazarov, "la Russie a été affaiblie tout au long de ses frontières" pendant le règne d'Ivan le Terrible, qui a précipité la crise politique et socio-économique ayant provoqué deux décennies plus tard la première guerre civile de Russie.

Des militants locaux ont multiplié les manifestations contre l'érection de cette statue au cours des derniers mois et une pétition, sous le titre "Nous n'avons pas besoin d'un monument à un tyran dans notre ville", a été signée par plus de 500 personnes.

Des plaintes ont aussi été déposées contre la décision de la municipalité d'Orel mais leur seule victoire a été la délocalisation de la statue, qui devait être érigée dans un parc du centre-ville et l'a finalement été à l'écart du centre.

Pour Dmitri Kraïoukhine, un militant local "choqué", cette statue témoigne de la demande de la société russe pour "une main de fer, pour que les besoins de l'Etat soient placés plusieurs échelons au-dessus de ceux de l'individu".

La sociologue Karina Pipia compare la réhabilitation d'Ivan le Terrible à celle de Joseph Staline. "L'attention se concentre sur ce qu'ils ont fait de bien, tandis que leurs atrocités sont effacées", a-t-elle déclaré à l'AFP. "C'est une quête pour des symboles de l'identité nationale. Peut-être qu'Ivan le Terrible est maintenant candidat à ce rôle", a-t-elle ajouté.

Ces derniers mois, plusieurs monuments dédiés à Staline ont été érigés à l'initiative du Parti communiste russe, voyant dans le dictateur soviétique le vainqueur de la Seconde guerre mondiale et le héros de l'industrialisation de l'URSS.

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Innauguration de la statue d'Ivan le terrible à Orel le 14 octobre 2016 © AFP / SERGEY MOSKOUSOV

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