Suisse - Fiscalité - Port franc

Plusieurs collectionneurs ont quitté les ports francs de Genève pour le Delaware

Par Nathalie Eggs · lejournaldesarts.fr

Le 2 mai 2016 - 471 mots

GENEVE (SUISSE) [02.05.16] – Certains clients des ports francs de Genève n’apprécient pas le renforcement de la surveillance dans la zone franche suisse et transfèrent leur collection dans le nouveau port franc de Delaware aux Etats-Unis.

L’enquête visant le Modigliani spolié par les nazis et hébergé aux ports francs de Genève n’a pas redoré le blason de l’institution vieille de 127 ans. Au fil des années, au gré des découvertes, la réputation de la zone franche genevoise s’est dégradée. Ces six derniers mois, « quelques » clients ont retiré leurs œuvres des ports francs de Genève et ont transféré leur collection au port franc de Delaware (et dans d’autres structures semblables à Londres), a admis David Hiler, président des ports francs de Genève, dans une interview accordée à Bloomberg. Ancien président du Conseil d’Etat genevois entre 2008 et 2009 et ministre des finances du Canton de Genève de 2005 à 2013, David Hiler a été élu à la présidence des ports francs et entrepôts de Genève (PFEG) en mai 2015 afin d’apporter plus de transparence dans la gestion de l’entrepôt.

Selon lui, « perdre certains clients nerveux est le prix à payer pour améliorer l’image (des ports francs) […] Aujourd’hui le plus grand risque serait de ne rien faire ». Un système biométrique destiné à identifier et tracer les visiteurs de la zone franche devrait voir le jour avant la fin de l’année. Par ailleurs, des experts passeront au peigne fin toute nouvelle demande d’entreposage d’antiquités ou d’objets d’art anciens afin de s’assurer qu’ils ne proviennent pas de trafic illégal. « Nous ne louerons pas d’espace à une entreprise dont nous ignorons qui se cache derrière, nous ne souhaitons pas de sociétés écrans » a ajouté David Hiler. Mais si la loi sur le blanchiment d’argent, renforcée au 1er janvier 2016, impose aux locataires des ports francs de dévoiler les noms de leurs sous-locataires, elle n’exige toujours pas de ces derniers qu’ils communiquent le nom du propriétaire bénéficiaire. « C’est une première étape et certainement pas la dernière » dans notre travail relatif à la traçabilité a quant à lui déclaré Pierre Maudet, Chef du Département de la Sécurité et de l'Économie (DSE) de Genève.

Ouvert en septembre dernier par Fritz Diet, le port franc de Delaware est un entrepôt d’une surface de plus de 3 000 m2, situé entre New York et Washington. En réalité, le territoire tout entier de l’Etat de Delaware s’apparente à un port franc puisque ni « sales tax » (taxe sur la vente) ni « use tax » (taxe d’usage) ne s’appliquent aux œuvres d’art (tout comme en Alaska, Montana, New Hampshire et Oregon). Mais le port franc existe pour « satisfaire les besoins du marché new-yorkais » explique Fritz Diet, qui confie par ailleurs à Bloomberg : « je pense que la publicité négative faite au port franc de Genève n’est pas méritée ; mais oui, j’en tire profit ».

Légende photo

Le bâtiment des ports francs à Genève, Suisse © Photo MHM55 - 2015 - Licence CC BY-SA 4.0

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