Le Centre Pompidou a perdu 18 % de ses visiteurs en 2 ans

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 11 janvier 2016 - 465 mots

PARIS [11.01.16] - Avec 700 000 visiteurs de moins en 2 ans, le Centre Pompidou enregistre une chute de sa fréquentation qui contraste avec les autres musées parisiens. Dans le même temps de nouveaux acteurs viennent concurrencer le Musée national d’art moderne.

Dernier des grands musées parisiens à avoir annoncé ses résultats, le Centre Pompidou a indiqué avoir accueilli 3,059 millions de visiteurs, soit une baisse de 11,33 % par rapport à l’an dernier. Le Centre Pompidou relève dans son communiqué de presse que c’est une diminution comparable à la plupart des grands musées parisiens. Ce n’est pas tout à fait vrai. A l’exception du Quai Branly qui accuse une baisse de 13 %, le Louvre a perdu 6,45 % de ses visiteurs, le Grand Palais 6,3 % et Orsay 1,71 %.

Par ailleurs, le Centre Pompidou met en avant les attentats du 13 novembre pour justifier la baisse de 2015, oubliant de rappeler qu’en 2014, la baisse de fréquentation atteignait déjà près de 8 %. En deux ans, le Centre Pompidou a ainsi perdu plus de 18 % de ses visiteurs, quand le Quai Branly est stable et que les Musée d’Orsay et du Louvre ont respectivement accueilli seulement 1,7 % et 5,4 % de visiteurs en moins.

Conscient de ces chiffres décevants, Serge Lasvignes qui dirige le Centre Pompidou depuis plus de 9 mois indique que « la programmation ne doit pas être prisonnière d’une approche quantitative » et « ne doit pas craindre de se diversifier ». Il a raison. Mais ces deux objectifs ne sont pas incompatibles, d’ailleurs lui-même indique à la fin de son communiqué que « la collection du Centre […] est un trésor que nous devons partager toujours plus largement avec le public ».

Le nombre de visiteurs qui acceptent de payer pour visiter une collection ou une exposition reste le moins mauvais des indicateurs pour mesurer l’attractivité de ce que l’on propose. Or le Musée national d’art moderne doit maintenant composer avec la montée en puissance de deux nouveaux acteurs parisiens qui viennent le concurrencer sur un marché qui n’est pas aussi élastique qu’on le pense. Il s’agit du Palais de Tokyo et de la Fondation Vuitton qui rongent deux de ses piliers : un lieu « branché » et bouillonnant à l’avant-garde de la création contemporaine pour le premier et un bâtiment à l’architecture audacieuse et à la programmation évènementielle pour le second.

La baisse du nombre de visiteurs, entraînant une diminution des recettes que l’on peut estimer au moins à 2 millions d’euros, va peser sur la qualité de la programmation future, à moins que le président taille dans les dépenses ou les effectifs. Sans compter avec la réticence des entreprises à sponsoriser des expositions moins désirables. Une épreuve inhabituelle pour l’ex-secrétaire général du gouvernement.

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Serge Lasvignes © JOEL SAGET / AFP

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