Les Assises de la Jeune Création, le Think Tank de Fleur Pellerin

Par David Robert (Correspondant à Rio de Janeiro) · lejournaldesarts.fr

Le 3 juillet 2015 - 537 mots

PANTIN [03.07.15] - Six groupes de travail ont nourri en seulement deux mois une synthèse pour Fleur Pellerin, qui a annoncé de nombreuses pistes mais de rares mesures dont la plus immédiate est la création de classes préparatoires aux écoles d’art.

Mardi 30 juin au Centre National de la Danse, à Pantin, Fleur Pellerin a officiellement clôturé les Assises de la Jeune création, les AJC, acronyme autant qu’injonction lancée aux 15 artistes « ambassadeurs » du projet. Cette concertation éclair avait été lancée le 17 avril dernier avec pour objectif, en 12 séances réparties dans toute la France, de recenser les bonnes pratiques, capter des idées et nourrir la réflexion de la ministre sur le soutien à la jeune création, à la veille de la présentation du projet de loi sur la liberté de création, l’architecture et le patrimoine. Ce calendrier au pas de charge sonnait aussi comme le moyen de contourner les échanges convenus avec les grands groupes, lobbys et syndicats.

La légèreté du dispositif et le caractère collaboratif de la plateforme ont permis de faire émerger de nombreuses idées en très peu de temps. Mais les mesures retenues in fine par la ministre sont rares, dans le domaine des arts plastiques comme dans les autres secteurs. La seule mesure immédiate est la création de classes préparatoires aux écoles supérieures d’art et de spectacle vivant. Dans le projet de loi présenté le 8 juillet au Conseil des ministres figurera « l’agrément des classes préparatoires publiques et l’octroi du statut d’étudiant aux jeunes qui suivent leur enseignement », éligibles ainsi aux mêmes prestations sociales.

Et c’est tout pour le proche avenir. Quelques chantiers seront bien ouverts dans les mois qui viennent, mais les dates restent à définir. Un haut-commissaire à la diversité sera nommé. Un groupe de travail est lancé pour « rendre plus efficient le droit existant en matière de rémunération des artistes-auteurs au titre de la propriété littéraire et artistique (droit de représentation, exploitation des droits dans l’univers numérique, contractualisation, etc.) ». On en attend la composition, avec d’autant plus d’intérêt que le projet de loi présenté le 8 juillet a éludé ces questions et que le ministère mène en parallèle avec les organisations professionnelles une concertation sur les régimes sociaux concernés. Enfin, un groupe d’étude conjoint avec le ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche planchera sur la création de postes d’enseignants-chercheurs dans les écoles d’architecture pour 2016. Les écoles d’art devraient suivre peu après.

D’autres points annoncent la revitalisation des résidences d’artistes, et l’ouverture d’institutions patrimoniales pour en héberger de nouvelles, sans qu’aucune donnée précise (nombre, budget, délai) n’ait encore été associée à ces mesures.

Le format et les modalités de rendu de ces AJC interrogent toujours. Si l’on doit estimer leur réussite aux actions effectivement entreprises, alors les 19 « mesures immédiates » énumérées dans la synthèse sont trop peu concrètes pour ne pas y voir un échec. Cette concertation accélérée aura néanmoins rempli deux objectifs d’un point de vue méthodologique : elle aura nourri la vision sectorielle du ministère à peu de frais (12 discussions sans protocole, des synthèses courtes et sobres) et permis, par l’intermédiaire des 150 artistes participants, d’inviter au dialogue une génération rarement consultée.

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La ministre de la Culture Fleur Pellerin pendant un concert d'Ibrahim Maalouf donné à l'occasion de La Fete de la Musique dans les jardins de palais Royal à Paris, le 21 juin 2015 © photo KENZO TRIBOUILLARD / AFP

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