La restauration des façades du château d’Angoulême à l’arrêt

Par Julie Paulais · lejournaldesarts.fr

Le 28 mai 2015 - 692 mots

ANGOULEME (POITOU-CHARENTES) [28.05.15] – Après le chantier de restauration de la façade principale, lancé en 2013 par l’ancien maire, le nettoyage des autres façades est au point mort. La municipalité, sur demande de la DRAC, va cependant lancer un diagnostic archéologique de la cour par l’INRAP à l’automne.

La Charente Libre révèle que le nettoyage des façades du château d’Angoulême est au point mort. La première tranche de travaux réalisée en 2013 avait été voulue par l’ancien maire socialiste Philippe Lavaud, et avait rendu tout son éclat à la façade principale de l’hôtel de ville.

L’hôtel de ville d'Angoulême est un édifice public construit de 1858 à 1868 au cœur de la ville-haute d'Angoulême, environné par des parterres fleuris inspirés des jardins à la française. Dessiné par l'architecte Paul Abadie dans un style éclectique, inspiré en grande partie de l'esthétique médiévale (XIIe siècle), il se dresse à l'emplacement de l'ancien château comtal, dont le comte d'Angoulême, Hugues X de Lusignan, époux d'Isabelle Taillefer veuve du roi d'Angleterre Jean sans Terre, décida la construction à partir de 1228. Il ne subsiste aujourd’hui que le donjon des Lusignan dite tour Polygone (1282-1302) et la tour des Valois (fin XVe siècle), classés monuments historiques en 1929.

En 1838, le maire d'Angoulême décide de faire bâtir un nouvel hôtel de ville, et en 1842, le château comtal est cédé à la ville par le département, à condition de lui conserver son caractère monumental et historique. Le projet de Paul Abadie est accepté, et comprend la démolition de la plupart des vestiges du château. Le nouvel hôtel de ville est inauguré en 1868. Le peintre Hugot réalise toutes les peintures du grand salon, Edward May celles du cabinet du maire et des adjoints. Participent également au décor le tapissier-décorateur Simon, le serrurier d'art Everaert et le sculpteur Léon Baleyre. En 1825, on y établit un télégraphe Chappe, dont la « Pierre du télégraphe » placée au sommet de la tour reste le seul vestige.

A la demande du maire Philippe Lavaud, l’association Via Patrimoine a mené durant dix-sept mois une vaste étude patrimoniale sur le château, qui a conduit au classement au titre des monuments historiques de la totalité de l’édifice en avril 2013.

Cette opération de nettoyage des façades était prévue pour se poursuivre, à raison d’une tranche tous les deux ans, en commençant par la façade qui borde le jardin public, grisâtre et abîmée par endroits. L’ancienne équipe municipale l’avait programmée pour 2015. Mais pour les successeurs, la poursuite du chantier n’est pas à l’ordre du jour : « Il n’y a pas urgence pour le reste de la façade, qui est moins abîmée », juge le maire UMP Xavier Bonnefont. La restauration de la façade nord avait coûté au total 840 000 €, financés par la DRAC (300 000€), la Ville (230 000 €) le Département (206 000 €) et la Région (100 000 €). Par l’intermédiaire de la Fondation du Patrimoine, la ville a fait appel au public et récolté plus de 6 000 €.

La nouvelle équipe va cependant réaliser, à la demande de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), un diagnostic archéologique de la cour, en prévision de la création d’une rampe d’accès pour personnes à mobilité réduite au service d’état civil, imposée par la loi. « Il sera effectué par l’Inrap à l’automne, les services y travaillent », annonce Xavier Bonnefont, mais cela ne veut pas dire que des travaux de valorisation seront effectués : « Tout dépendra du coût. La cour a un intérêt patrimonial évident, mais on ne sait pas ce que l’on va trouver sous le goudron. Quand nous aurons le chiffrage, nous prendrons une décision ».

Pierre Cazenave, conservateur régional des monuments historiques à la DRAC Poitou-Charentes, assure qu’il ne s’agit pas d’une « urgence impérieuse et l’important est d’être sur un objectif partagé avec la mairie, avec un calendrier raisonnable ». Il ajoute cependant : « Ce serait bien de terminer le nettoyage de la façade. Même si son état sanitaire ne semble pas alarmant, nous avons repéré des désordres qu’il faut regarder dans le détail. N’attendons pas qu’elle se dégrade encore plus ».

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La mairie d'Angoulême dans le château d'Angoulême © Photo JLPC - 2012 - Licence CC BY-SA 3.0 

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